"Il y a des dispositions intérieures, fruits d’une ferme décision secrète accompagnée d’une prière instante qui sont plus efficaces à recevoir la grâce pour agir et se comporter selon la volonté divine que de dures et sévères ascèses. Ainsi reconnaît-on l’arbre à ses fruits."
(extrait de feuillets attribués à St Romain de Condat)
Ainsi, de nos jours, certains s'infligent-ils pendant des années, comme les pratiquants du zazen, une posture physique rigoureuse et douloureuse dans l'espoir – peu conforme pourtant à l'orthodoxie du zen qui préconise de pratiquer gratuitement, mushotoku – d'obtenir le satori, l'illumination comme le bouddha sous son arbre. Cette ascèse, bien qu'elle ne soit pas sans creuser peu à peu leur cœur de pierre, le sculptant ainsi comme la goutte d'eau finit par creuser la roche sur laquelle elle tombe régulièrement, ne suffit pas pour autant à leur procurer cette illumination tant souhaitée. Ils ont l'illusion spirituelle d'abord que leurs efforts seuls leur permettront de parvenir au satori et ensuite ils forment dans leur esprit une image de cet état d’illumination comme celle d'un évènement extraordinaire leur assurant de surcroît un état de sérénité fiable et pérenne, voire définitif. Malheureusement il n'en est pas ainsi...
Notre icône de St Jean de l'Echelle montre bien de grands ascètes en grand habit, tout près d'atteindre la main tendue de Notre Seigneur, qui chutent parmi les noirs démons avant de parvenir au but...
Certes on ne saurait éviter l'ascèse mais, même si elle est au-dessus de la simple morale, elle n'est peut-être seulement qu'une rampe de l'échelle qui mène au Royaume des Cieux, elle ne nous protège pas de toutes les chutes et particulièrement de la plus grave, celle causée par l'orgueil.
Car il est probable que la grâce agit plutôt dans la douce douleur de l'abandon que dans la tension de l'effort.
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