Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)
Affichage des articles dont le libellé est passions. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est passions. Afficher tous les articles

dimanche 22 janvier 2023

Les passions peuvent être un poison à l’intérieur de la nature humaine, mais un poison qui peut nous guérir de la morsure venimeuse du Malin

"[…] les dispositions naturelles deviennent bonnes en ceux qui font un effort et, en les détachant avec sagesse des choses charnelles, s’en servent pour acquérir les biens célestes. Par exemple, elles peuvent changer la concupiscence en désir spirituel des choses divines; le plaisir en joie pure pour la collaboration de l’esprit avec les dons divins; la peur, en souci d’éviter le châtiment qu’entraînent les péchés; et la tristesse, en pénitence qui nous fait nous attrister pour le mal commis ici-bas

Il faudrait préciser que l’ascèse ne doit pas lutter pour abolir les dispositions naturelles, mais qu’elle ne doit pas non plus les négliger, puisqu’elles peuvent facilement dégénérer en passions. L’ascèse doit les observer sans répit, les maîtriser, les discipliner à chaque instant, car Dieu a permis à l’homme de parvenir à la conscience de sa grandeur d’être rationnel”. „Elles peuvent être un poison à l’intérieur de la nature humaine, mais un poison qui peut nous guérir de la morsure venimeuse du Malin”.

Considérées d’un autre point de vue, le Père Staniloaë précise que les dispositions naturelles ne sont pas destinées à accompagner l’être humain dans la vie à venir. Au royaume des cieux, nous serons des „esprits purs” dans le sens de sujets préoccupés exclusivement par l’intelligence et l’amour spirituel, pareils aux anges88. C’est comme cela qu’était l’homme avant la chute, et par sa mission, il tend à réaliser dans sa nature ces qualités perdues. C’est l’évidence de cette vérité, que nous sommes essentiellement intelligence pure et amour, qui détermine le Père Staniloaë à considérer que l’affectivité charnelle ne fait pas partie de notre être. Mais, l’évidence de l’impossibilité de conserver notre vie terrestre en étouffant nos dispositions naturelles à rattacher nécessairement les dispositions naturelles à la nature, mais seulement dans l’existence terrestre de celles-ci, trouvent la solution dans l’idée qu’elles sont apparues après la chute. Autrement dit, l’affectivité charnelle, liée à notre état actuel, est quelque chose d’inférieur par rapport à notre nature, mais tout de même nécessaire dans son existence terrestre actuelle. Cet élément d’affectivité charnelle, qui se développe dans le côté biologique, n’est pas condamnable et ne doit pas être combattu, car il représente le fondement de notre progrès sur le plan spirituel. D’ailleurs toute la littérature orientale atteste que l’ascèse (le combat pour dominer les dispositions naturelles) n’est pas un adversaire de la vie biologique. L’ascèse signifie discipline des dispositions naturelles; et même davantage, elle est la „sublimation” de cet élément d’affectivité charnelle, et non son abolition […]

dimanche 8 janvier 2023

LES PASSIONS se conditionnent mutuellement par Évagre le Pontique


"Regarde les jeunes: la gourmandise engendre toutes les autres passions, car elle met en mouvement la luxure et toutes les deux ont besoin d’argent pour se satisfaire, et celui qui se voit privé des objets qui peuvent satisfaire ces trois passions est gagné par la tristesse, et si quelqu’un cherche à les lui ravir ou à s’en emparer avant lui, il est gagné par la colère"

mercredi 31 octobre 2018

Les passions ne sont pas mauvaises en elles-mêmes…


La conception que les maîtres spirituels hésychastes se font de la voie qui doit conduire leurs disciples jusqu’aux plus hauts degrés de la contemplation est tributaire de notions psychologiques empruntées à la philosophie hellénistique, où se mêlaient les influences du platonisme et du stoïcisme. Évagre le Pontique fut le premier artisan de cette conceptualisation qui se retrouve, avec quelques variantes, tout au long de la tradition philocalique.

Pour lui, comme pour l’ensemble des Pères, l’homme est composé de deux éléments, le corps et l’âme. La tradition chrétienne a en effet écarté, lors des grandes controverses christologiques des IVème et Vème siècles, la théorie tripartite qui considérait que la nature humaine était constituée de trois éléments distincts, le corps, l’âme et l’esprit. Cette conception ne pouvait en effet s’accorder avec la doctrine traditionnelle de l’Incarnation du Christ. Lorsque certains, parmi les Pères, parlent de l’esprit comme d’un troisième élément de l’homme, ils n’entendent pas par ce mot un élément créé, mais l’énergie incréée du Saint-Esprit, qui vient vivifier l’âme créée. Plus souvent, les saints Pères entendent par esprit (pneuma) la partie supérieure de l’âme, le noûs, sans en faire un troisième élément constitutif.

Selon le schéma évagrien, l’âme humaine comporte trois parties. Les deux premières constituent la partie sensible et passible de l’âme (pathetikon); ce sont l'« appétit concupiscible» (epithymetikon ou epithymia), qui éprouve les deux « passions» fondamentales du désir (d’un bien absent) et du plaisir (quand un bien sensible est présent), et la « partie irascible» (thymikon), dont les passions fondamentales sont la crainte, la colère et la tristesse.

Ainsi comprises, les passions ne sont pas mauvaises en elles-mêmes. 
Évagre considère même que la « vraie nature » du concupiscible est de désirer le plaisir spirituel et la béatitude que procure la « gnose », l’union divine, et que celle de l’irascible est de lutter contre tout ce qui s’oppose à ce bien spirituel, particulièrement contre les démons. C’est le mauvais usage de ces facultés qui est la source des passions mauvaises, lesquelles sont, pour le concupiscible, la gourmandise, la luxure, l’amour de l’argent, la vaine gloire, l’orgueil; pour l’irascible, la mauvaise tristesse, la rancune, l’envie, la jalousie, la colère, la cruauté, l’acédie.

La troisième partie de l’âme ou partie raisonnable (Iogistikon) ne fait qu’un avec l’intellect (noûs). Celui-ci est la faculté de la connaissance intellectuelle; sans la grâce du Saint-Esprit, cette connaissance est discursive, conceptuelle; c’est ce qu’Évagre appelle la « science simple »; sous l’action du Saint-Esprit, elle devient expérience savoureuse de la compénétration de l’homme par la lumière incréée.
Si le concupiscible et l’irascible sont en proie aux passions mauvaises, ils enténèbrent l’intellect, qui devient sujet à l’ignorance et à l’erreur (selon Évagre, les vices de l’irascible, ceux qui s’opposent directement à la charité envers autrui, aveuglent l’intellect plus encore que ceux du concupiscible); s’ils en sont purifiés, l’intellect fait rejaillir sur eux sa lumière, et ils retrouvent leur vraie nature.

Père Placide Deseille
(Mémoire éternelle!)

samedi 25 octobre 2014

Sur le Tumblr de Moinillon : Nature et actions des démons

“Les démons, bien qu’assombris par leur chute, ont dans une certaine mesure conservé leur intelligence angélique et quelques autres qualités. Ils ont parfaitement étudié les propriétés de l’homme, physiques et psychiques ; ils ont accès au corps et aux nerfs, au cerveau de l’homme ; ils agissent sur les qualités et les manifestations morales de l’homme, toujours dans le sens du mal et dans le but de causer la perdition. Étant donné que l’homme voit les passions évidentes, ainsi que le mal qu’elles causent, les démons s’acharnent à tout mélanger, à donner une grande importance aux émotions de la personne, ils accentuent les unes, affaiblissent les autres, afin d’induire la personne en erreur, de donner à la passion des significations particulières, une belle apparence, etc. Leurs embûches, leurs ruses, leurs mensonges, tous leurs procédés sont innombrables qui visent à tromper et à perdre l’homme.”
Higoumène Nikon (Vorobiev)
Lettre - 17 avril 1958 (source)

vendredi 3 mai 2013

Le sens et la fonction de l'affliction


Dialogue entre St Maxime le Confesseur et l'évêque Théodose

Théodose. – Comment te portes-tu, Seigneur Abbé?
Maxime. — Ainsi que dans sa Providence à mon égard Dieu a prédestiné (προώρισεν) avant tous les âges de me conduire au terme, ainsi je me porte.
T. – Quoi donc? Avant tous les âges Dieu a prédestiné chacun d'entre nous?
M. – S'il est vrai qu'il a préconnu toutes choses, il les a aussi prédestinées totalement.
T. – Qu'est-ce préconnaitre et prédestiner?
M. – La précοnnaissance concerne les pensées, les paroles et les oeuvres qui dépendent de nous, la prédestina¬tiοn concerne les choses qui nous arrivent sans que cela dépende de nous.
T. – Quelles choses dépendent de nous et lesquelles ne dépendent pas de nous?
M. – Semble-t-il, Monseigneur connais tout et discute avec son serviteur pour le mettre à l'épreuve!
T. –        Par la vérité de Dieu, je t'ai interrogé par ignorance et veux apprendre la différence entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous et comment les unes appartiennent à la précοnnaissance de Dieu et les autres à sa prédestination.
M. – Dépend de nous tout ce qui est délibéré (εκούσια), c'est-à-dire les vertus et les vices; ne dépend pas de nous ce qui survient pour nous éprouver, ou le contraire, par exemple : ni la maladie qui éprouve, ni la santé qui réjouit ne dépendent de nous, bien que nous puissions en être la cause, par exemple une vie désordonnée est cause de maladie, une vie bien ordonnée cause de santé; et la garde des commandements est cause du Royaume des cieux, de même que leur transgression l'est du feu éternel.
T. – Quoi donc? Ce pourquoi tu es affligé dans cet exil, c'est que tu as fait des choses dignes de cette affliction?
M. – Je demande que Dieu circonscrive par cette affliction les peines de ceux qui péchèrent contre lui par la transgression de ses justes commandements.
T. – L'affliction ne vient-elle pas à beaucoup en vue de les éprouver?
M. – Les saints sont éprouvés pour que, par leur affliction, soient manifestées pour la vie des hommes leurs dispositions naturelles pour le bien et que par elles soient illustrées leurs vertus ignorées de tous, comme en Job et Joseph. En effet le premier a été tenté pour que se manifeste sa force d'âme cachée; le second a été éprouvé pour que soit proclamée sa sainte chasteté; et chacun des saints a été affligé en cet âge sans l'avoir voulu, selon des économies de ce type, afin de souffrir pour que soit pardonnée la faiblesse de ceux qui ont commercé avec le dragon apostat et orgueilleux, c'est-à-dire le diable, car la patience est l'œuvre de l'épreuve dans chacun des saints.
T. – Par la vérité de Dieu, tu parles bien, et je rends grâce à ton aide. Je cherchais toujours à parler ainsi avec vous, mais puisque c'est sur un autre chapitre que moi et messeigneurs les patriciens sommes venus vers toi et avons parcouru de pareilles distances, nous t'invitons à accueillir ce qui te sera proposé par nous et à réjouir ainsi toute la terre (Acta 137 13-140 A).

jeudi 4 avril 2013

« Non, je ne te laisserai pas aller que tu ne m'aies béni. »


23 Il [Jacob] se leva cette nuit-là, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze fils et il passa la passe du Yabok ; 24 et il les prit et il passa le torrent et il fit passer tous ses biens. 25 Or Jacob demeura seul en arrière et un homme luttait avec lui jusqu'au matin. 26 Il vit qu'il ne l'emportait pas sur lui ; et il toucha le plat de sa cuisse, et le plat de la cuisse de Jacob fut engourdi tandis qu'il luttait avec lui. 27 Et il lui dit : « Laisse-moi aller, car l'aube s'est levée. » L'autre lui dit : « Non, je ne te laisserai pas aller que tu ne m'aies béni. » 28 Il lui dit : « Quel est ton nom ? » L'autre dit «Jacob. » 29 Il lui dit : « On ne t'appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom, parce que tu as été fort avec Dieu et, avec les hommes, puissant. » 30 Jacob fit cette demande : « Fais-moi connaître ton nom. » Il dit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom? » et là, il le bénit. 31 Et Jacob donna à ce lieu le nom de Forme-visible-de-Dieu. « Car j'ai vu Dieu face à face et mon âme été sauvée. » 32 Le soleil se leva sur lui alors qu'il dépassait Forme-visible-de-Dieu, et sa cuisse le faisait boiter. 33 Voilà pourquoi les fils d'Israël ne mangeront pas le nerf qui fut engourdi, celui qui est sur le plat de la cuisse, et ce jusqu'à ce jour parce qu'il avait touché le nerf du plat de la cuisse de Jacob et qui avait été engourdi. ( LXX, Genèse 32, 23-33 )

jeudi 2 février 2012

Es-tu tombé ? Relève-toi. Tombes-tu de nouveau ? Relève-toi encore

L'UTILITÉ DES TENTATIONS 

"Car les tentations sont très profitables à qui les supporte sans trouble. Même lorsqu'une passion nous harcèle, nous ne devons pas nous en troubler. Si l'on se trouble en l'occurrence, c'est par ignorance et par orgueil, c'est parce qu'on méconnaît son propre état et qu'on fuit la peine... On doit plutôt reconnaître humblement ses limites et attendre dans la prière que Dieu fasse miséricorde. Car celui qui n'est pas tenté et qui ignore le tourment des passions, ne lutte pas non plus pour être purifié.

C'est en effet quand les passions se dévoilent à ceux qui combattent, qu'elles sont anéanties par eux. D'abord naissent les pensées passionnées, puis les passions se montrent, et alors elles sont anéanties. Tout cela s'applique à ceux qui combattent. Mais nous qui commettons le péché et entre tenons toujours les passions, nous ne savons pas quand naissent les pensées passionnées, ni quand se dévoilent les passions pour combattre contre elles... Qui nous donnera de prendre au moins conscience de notre amère servitude, afin d'en être humiliés et de faire effort pour obtenir miséricorde ?...

Quand le diable voit que Dieu s'est penché sur une âme pour lui faire miséricorde et la soulager de ses passions, soit par sa parole, soit par l'un de ses serviteurs, alors, lui aussi l'accable davantage sous le poids des passions et l'attaque avec plus de violence. Sachant cela, les Pères fortifient l'homme de leurs enseignements et ne le laissent pas s'effrayer. L'un dit : « Es-tu tombé ? Relève-toi. Tombes-tu de nouveau ? Relève-toi encore, etc. » Un autre déclare : « La force de ceux qui veulent acquérir les vertus consiste à ne pas se décourager quand ils tombent, mais à reprendre leur résolution. » Bref, chacun à sa manière, d'une façon ou d'une autre, tend la main à ceux qui sont combattus et tourmentés par l'ennemi. Ce faisant, les Pères s'inspiraient des paroles de la divine Écriture : « Celui qui tombe, ne se relève-t-il pas ? Et celui qui s'égare, ne revient-il pas ? Tournez-vous vers moi, enfants, et je guérirai vos blessures, dit le Seigneur » (Jr. 8, 4 et 3, 22)...
Ainsi l'âme qui a cessé de commettre le péché et traversé la mer spirituelle, doit d'abord peiner dans la lutte et de multiples afflictions, et c'est ainsi à travers les épreuves qu'elle entrera dans le saint repos. « Car il nous faut passer par beaucoup de tribulations pour entrer dans le Royaume des Cieux » (Ac. 14, 22). Les tribulations excitent en effet la miséricorde de Dieu sur l'âme, tout comme les vents déclenchent la pluie. Et de même que la pluie trop fréquente fait pourrir le bourgeon encore tendre et détruit son fruit, tandis que les vents le font peu à peu sécher et lui rendent vigueur, ainsi pour l'âme : le relâchement, l'insouciance, et le repos l'amollissent et la dissipent ; les tentations au contraire la recueillent et l'unissent à Dieu. « Seigneur, dit le Prophète, dans la tribulation nous nous sommes souvenus de toi » (Is. 26, 16). Il ne faut donc pas, comme nous l'avons dit, nous troubler ni nous décourager dans les tentations, mais patienter, rendre grâces et demander sans cesse à Dieu, avec humilité, d'avoir pitié de notre faiblesse et de nous protéger contre toute tentation pour sa gloire."
Dorothée de Gaza 
Œuvres sprituelles,  
Sources Chrétiennes 92 (éd. et trad. Regnault & Préville).

dimanche 29 janvier 2012

Une guerre civile en nous par Geronda Aemilianos

Geronda Aemilianos
"Ainsi que le disait Joseph l'Hésychaste (t 1959), vénérable Géronda, une guerre civile se déchaîne en nous quand il s'agit de décider entre l'être et la nécessité.
La violence est donc nécessaire, car nos passions sont sans nombre, la foule de nos passions est nombreuse comme le formule saint Maxime le Confesseur : «En conséquence notre vie est devenue pleine de gémissements ». Vous voyez ce que le bien-être nous a occasionné ? Mesurez-vous l'horreur, la « violence du bien-être? » Notre nature est divisée, est déchirée en mille morceaux, et notre cœur l'est également. Telle est la conséquence du péché qui se transforme en une quantité de maladies nauséabondes et nuisibles. Je ne parle pas des grandes passions, des passions à l'odeur fétide, mais des plus petites : égoïsme, vanité, folle témérité, tyrannie, distraction, doute, instabilité, bavardage inutile, envie, jalousie, plainte, tristesse, désespoir, découragement, acédie, mauvaise humeur, pusillanimité, l'inopportune affliction, pleurs, mélancolie. « La vie de l'impie est un tourment continuel », dit Job. Et cela signifie aussi : peur, angoisse, cœur épuisé et ténébreux, vie brisée. Telle est la violence de la facilité. Le remède? L'affliction volontaire, la mortification, la violence évangélique. Voilà la facilité de la violence, le combat qui nous rend joyeux, nobles, doux, paisibles. Notre cœur devient alors un jardin agréable, un trône de repos."
Archimandrite Aemilianos
(extrait de Catéchèses et discours 1. Le sceau véritable. Ed. Ormylia)

vendredi 22 octobre 2010

Comment s’éveillent les passions

P.Dumitru Stăniloae
Si nous comprenons comment s’éveillent les passions alors nous pouvons trouver des moyens de les garder sous contrôle.

Père Dumitru Stăniloae écrit :
"Dans tous les écrits spirituels orthodoxes, nous trouvons exposé l’enchaînement dans lequel prennent naissance les passions en toute circonstance :
Satan met une pensée de péché dans notre esprit, ce que l'on appelle "l'attaque"... Elle a seulement d’abord l’apparence d'une  simple pensée que nous pouvons commettre tel ou péché. Elle apparaît dans l'esprit comme une simple possibilité. Ce n'est pas encore un péché, car nous n'avons pas encore pris position vis-à-vis d’elle. Elle semble être en dehors de nous, nous ne l'avons pas créée, et elle n’a encore qu'un caractère virtuel, c’est une possibilité mais cela ne semble pas très grave, et qui ne nous donne pas beaucoup d'inquiétude. Nous sommes préoccupés de tout notre être par autre chose. Nous ne savons pas d'où est venue cette pensée, c’est comme si quelqu'un jouait avec et l’avait jetée négligemment sur le côté de la route. Cependant nous continuons à y réfléchir. Ainsi, elle a toutes les caractéristiques d'une pensée abandonnée par quelqu'un d'autre et les saints Pères ne manquent pas de l'attribuer à Satan…"

Vous êtes-vous déjà demandé d'où venaient quelques-unes des pensées que vous avez ?

     De cette attaque jusqu'à l'acte de péché, nous avons de nombreuses étapes....
Le moment décisif, c'est quand notre pensée prend position. Si nous avons rejeté la pensée dès le premier moment, nous l’avons échappé belle. Si, toutefois, nous commençons à y réfléchir, à goûter le péché dans notre esprit, alors « la conjugaison», le mélange de nos pensées avec celles des démons malfaisants s'est déjà produit. Maintenant, nous nous sommes joints à la pensée du mal, elle est devenue une partie de nous .... par elle nous sommes entrés dans la zone du péché et nous pouvons difficilement arrêter le plein développement de ce processus une fois qu'il a été mis en mouvement. Suivent de près le consentement au fait, ou le dispositif opéré par nos pensées et les pensées de Satan pour que le fait se réalise. Maintenant seulement la simple pensée se concrétise en images.

Vous êtes-vous demandé pourquoi vous en êtes venu à examiner quelques-unes des pensées que vous prenez en considération?

Saint Paul, décrit sa frustration par rapport à cette question :

15 En effet, je ne comprends pas ce que je fais: je ne fais pas ce que je veux, et c'est ce que je déteste que je fais. 16 Et si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la Loi est bonne. 17 En réalité, ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi. 18 Car je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ce que je suis par nature. Vouloir le bien est à ma portée, mais non l'accomplir. 19 Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le commets. 20 Si donc je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais mais c'est le péché qui habite en moi. 21 Lorsque je veux faire le bien, je découvre cette loi: c'est le mal qui est à ma portée. 22 Dans mon être intérieur, je prends plaisir à la Loi de Dieu. 23 Mais je vois bien qu'une autre loi est à l’œuvre dans tout mon être: elle combat la Loi qu'approuve ma raison et elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché qui agit dans mes membres. 24 Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps voué à la mort ? 25 Dieu soit loué : c'est par Jésus-Christ notre Seigneur. En résumé: moi-même, je suis, par la raison, au service de la Loi de Dieu, mais je suis, dans ce que je vis concrètement, esclave de la loi du péché... (Romains 7:15-25)


Les implications de ce processus sont claires. Si l'on veut avancer dans la vie spirituelle, il faut d'abord avoir la foi et une solide conviction que ces pensées doivent être rejetées. Les rejeter exige une position ferme, un esprit discipliné, et l'aide de Dieu.

Père Dumitru écrit encore :
"Par conséquent, l'obligation imposée à celui qui veut aller de l'avant dans sa vie vers la perfection est d’observer sans cesse les pensées qui apparaissent dans le champ de la conscience. Il lui faut éliminer l'idée de toute passion, à sa première apparition. La garde de l'esprit, l'attention, et la ferme et sagace résistance aux pensées sont continument recommandées par les maîtres spirituels de ceux qui ne veulent pas être victimes des passions .... Cela signifie de garder son esprit immergé, plein d'amour, dans l'infini divin, qui l'enrichit de significations toujours nouvelles et pures.
C'est là la première tâche de la spiritualité orthodoxe.

jeudi 7 octobre 2010

L'attention par St Basile

Saint Basile nous conseille de développer notre attention car celle-ci nous aidera à acquérir la maîtrise de la colère, la tempérance et le contrôle de notre langue. Ce bénéfice résulte de la conjugaison de l'attention avec le souvenir que tous les désirs des plaisirs terrestres non maîtrisés ne feront que nous amener vers une fin amère. Voici ce qu'il écrit :
"Par conséquent soyez attentifs à vous-même, et sachez que la partie rationnelle de l'âme est aussi intelligente, tandis que la partie passionnée est aussi irrationnelle. Et l'une existe par nature pour gouverner, tandis que l'autre n’existe que pour obéir à la raison et être convaincue par elle. Alors ne laissez jamais votre esprit, réduit en esclavage absolu, devenir l'esclave des passions; par ailleurs, ne cédez pas aux passions qui luttent contre la raison et laissez les transférer à elles-mêmes l'autorité de l'âme ".