Il faudrait préciser que l’ascèse ne doit pas lutter pour abolir les dispositions naturelles, mais qu’elle ne doit pas non plus les négliger, puisqu’elles peuvent facilement dégénérer en passions. L’ascèse doit les observer sans répit, les maîtriser, les discipliner à chaque instant, car Dieu a permis à l’homme de parvenir à la conscience de sa grandeur d’être rationnel”. „Elles peuvent être un poison à l’intérieur de la nature humaine, mais un poison qui peut nous guérir de la morsure venimeuse du Malin”.
Considérées d’un autre point de vue, le Père Staniloaë précise que les dispositions naturelles ne sont pas destinées à accompagner l’être humain dans la vie à venir. Au royaume des cieux, nous serons des „esprits purs” dans le sens de sujets préoccupés exclusivement par l’intelligence et l’amour spirituel, pareils aux anges88. C’est comme cela qu’était l’homme avant la chute, et par sa mission, il tend à réaliser dans sa nature ces qualités perdues. C’est l’évidence de cette vérité, que nous sommes essentiellement intelligence pure et amour, qui détermine le Père Staniloaë à considérer que l’affectivité charnelle ne fait pas partie de notre être. Mais, l’évidence de l’impossibilité de conserver notre vie terrestre en étouffant nos dispositions naturelles à rattacher nécessairement les dispositions naturelles à la nature, mais seulement dans l’existence terrestre de celles-ci, trouvent la solution dans l’idée qu’elles sont apparues après la chute. Autrement dit, l’affectivité charnelle, liée à notre état actuel, est quelque chose d’inférieur par rapport à notre nature, mais tout de même nécessaire dans son existence terrestre actuelle. Cet élément d’affectivité charnelle, qui se développe dans le côté biologique, n’est pas condamnable et ne doit pas être combattu, car il représente le fondement de notre progrès sur le plan spirituel. D’ailleurs toute la littérature orientale atteste que l’ascèse (le combat pour dominer les dispositions naturelles) n’est pas un adversaire de la vie biologique. L’ascèse signifie discipline des dispositions naturelles; et même davantage, elle est la „sublimation” de cet élément d’affectivité charnelle, et non son abolition […]
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