Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

vendredi 2 août 2024

"Tout peut devenir un moyen de faire la volonté de Dieu" par St Théophane Le Reclus

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« Dieu nous a donné cette vie-ci pour que nous ayons le temps le nous préparer à cette vie-là. Celle-ci est de courte durée, celle-là n'a pas de fin. Mais, si brève que soit cette vic-ci, elle nous permet, dans son déroulement, de faire nos provisions pour toute l’Éternité. Toute bonne action est engrangée là-haut comme un petit dépôt et tous ces petits dépôts forment un gros capital, dont les intérêts vont justement déterminer la fortune du déposant dans l'éternité. Celui qui déposera plus sera plus riche, celui qui déposera moins sera moins riche. Le Seigneur donne à chacun selon ses œuvres.

Voici donc ce qui doit être notre souci constant: envoyer là-bas le plus de dépôts possible. Or, ce souci n'est ni difficile ni pénible, ainsi que le certifie le Seigneur Lui-même, quand Il dit « Mon joug est doux et Mon fardeau léger » (Mt., 11, 30). Je vous ai expliqué cela pour chasser les pensées qui vous troublent. dans le but de dissiper votre peine, celle de penser que vous êtes inutile, que vous serez toute votre vie inutile si vous continuez à vivre ainsi. Toute l'architecture de la vie chrétienne est celle-ci : crois en Dieu, qui est vénéré en la Sainte Trinité, qui nous sauve en Jésus-Christ par la grâce du Saint-Esprit ; puise des forces bienfaisantes dans les sacrements de la Sainte Église, vis selon les préceptes de l'Évangile, fortifie-toi par l'espérance que Dieu (qui voit les petits efforts que nous faisons à notre mesure, notre foi en notre Sauveur et notre obéissance à Lui) ne nous privera pas du ciel. Cela, je l'ajoute à dessein, afin que vous voyiez dans quel esprit il nous faut agir, nous autres chrétiens. Car les uns disent: agis, agis; les autres: crois, crois. Or, il faut l'un et l'autre, allier la foi avec les œuvres, les œuvres avec la foi.

Cependant, l'attention doit être avant tout concentrée sur l'accomplissement des commandements. Nous croyons, oui, mais encore? Mets en pratique les commandements Car la foi sans les œuvres est morte. Et grâces soient rendues à Dieu qui a bien voulu mesurer la valeur de nos œuvres non à leur grandeur et leur largeur, mais à notre disposition intérieure au moment de les accomplir et qui, de plus, nous fournit une quantité d'occasions d'agir selon Sa volonté, de sorte que, si nous sommes attentifs à nous-mêmes, nous pouvons à tout moment faire des œuvres qui Lui sont agréables. Pour cela, point n'est besoin d'aller au-delà des mers, comme le font les progressistes, il suffit de regarder autour de soi, chaque jour et chaque heure: là où tu vois le sceau d'un commandement, exécute-le aussitôt avec la conviction que c'est cette chose-là et pas une autre que Dieu Lui-même te demande de faire.

Efforcez-vous d'assimiler encore plus fort cette pensée. Dès que vous l'aurez assimilée pleinement, la paix commencera à affluer dans votre cœur, née de la conviction que vous œuvrez pour le Seigneur. Cette paix englobe tout. Même lorsqu'on vous mandera de ravauder la chaussette de votre petit frère, et si vous le faites pour obéir au commandement du Seigneur —obéir et aider —, cela vous sera compté comme une œuvre agréable à Dieu. Ainsi de toute démarche, de toute parole, voire de tout geste ou regard : tout peut devenir un moyen de faire la volonté de Dieu et par conséquent d'avancer, pas à pas, vers le but ultime.

Les progressistes embrassent l'humanité tout entière, ou au moins le peuple tout entier. Or, ni l'humanité ni le peuple ne sont une seule personne, pour laquelle on pourrait faire quelque chose tout de suite. L'humanité se compose de personnes: en faisant quelque chose pour l'une, on œuvre pour toutes les autres. Si chacun de nous cessait de ne voir que l'ensemble de l'humanité et faisait ce qu'il peut pour la personne qui est devant lui, tous ensemble nous ferions à chaque instant ce dont ont besoin tous les nécessiteux et, en satisfaisant leurs besoins, nous ferions le bonheur de l'humanité tout entière, laquelle est composée de nécessiteux et de nantis, de faibles et de forts. Mais l'on ne pense qu'au bien de toute l'humanité et, ce que l'on a sous les yeux, on l'ignore. Le résultat, c'est que, incapables de faire une œuvre générale et négligeant de faire l'œuvre particulière, on ne fait rien pour atteindre le but essentiel de la vic.

On m'a raconté à Saint-Pétersbourg l'histoire suivante. Un monsieur très bien, lors d'une réunion de jeunes militants pour le bonheur universel, fait un discours brillant sur l'amour envers l'humanité, envers le peuple. Il suscite l'enthousiasme. Puis il rentre chez lui. Son domestique met du temps à lui ouvrir, puis à lui apporter la lampe; sa pipe n'est pas préparée comme il faut, et il fait froid dans la pièce... Notre philanthrope n'y tient plus, il réprimande son domestique; celui-ci se rebiffe et le maitre le frappe. Tel est notre homme: là, il s'enflamme d'amour pour l'humanité, ici, envers un seul homme, il se comporte indignement. De même, au plus fort du délire progressiste, on vit de belles demoiselles se ruer dans les ateliers de reliure en laissant leurs mères sans un morceau de pain - elles imaginaient qu'elles œuvraient au bonheur futur de l'humanité. Tout le malheur vient de ce que l'on fixe un horizon trop large. Mieux vaut, les yeux humblement baissés, regarder sous nos pieds et bien peser où porter ses pas. C'est la voie la plus sûre."

 St Théophane Le Reclus

Lettres de direction spirituelle

Une vie agréable à Dieu

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