Julia de Beausobre , Julia Namier (également connue sous le nom d'Iulia de Beausobre, née Iulia Michaelovna Kazarina) (1893-1977) est une écrivaine russe, épouse de l'historien britannique Lewis Bernstein Namier. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur la spiritualité chrétienne et une biographie de son mari.
Auteur de La Femme qui ne pouvait pas mourir
"L'autre façon de faire face au sadisme est très difficile. Elle est avant tout active. Elle exige de la victime qui s'y adonne une élévation de conscience indissociable de la douleur qui accompagne toute expression de conscience. Elle exige une participation simultanée, par un effort intense de compréhension empathique, au contexte particulier et général de l'action ; une compréhension de la situation présente dans son intégralité ; une perception claire de tous les détails les plus insignifiants qui se produisent autour de vous ; une pénétration, autant que possible, de l'esprit des hommes qui ont orchestré le « contre-interrogatoire » et une compréhension de l'ampleur de la composition divine pour cet événement terrestre particulier. C'est très difficile, car une perception claire, une pénétration de l'esprit d'autrui et une compréhension approfondie exigent une formidable élévation de la sympathie. À l'inverse, toute pointe de sentimentalité, toute réaction passionnée, quelle qu'elle soit, atténueront immédiatement votre attention, vous détourneront de la seule voie raisonnable qui s'offre à vous et ne constitueront qu'un tremplin vers l'hystérie. Une telle pureté La sympathie « distillée », si je puis m'exprimer ainsi, exige une exaltation de toutes les facultés mentales et morales. Or, il est impératif que cette exaltation s'opère dans un état d'esprit de total altruisme. Sans elle, certains ne parviendront pas à éviter l'apitoiement sur eux-mêmes ni à nier la responsabilité de leurs bourreaux – ce qui serait sentimental. D'autres, sans elle, ne parviendront pas à éviter la peur et le désespoir – qui suscitent des passions plus tumultueuses. Tout cela est très difficile. Mais l'essentiel est qu'une fois cet objectif atteint, on réalise qu'on a eu le privilège de participer à rien de moins qu'à un acte de rédemption. Et on découvre alors, incidemment et inévitablement, qu'on a atteint une forme de sérénité qui est, à tout le moins, plus efficace pour contrer les désirs sadiques que n'importe quelle impassibilité stérile.
Les anciens maîtres de la psychologie qui vous tiennent en leur pouvoir font tout leur possible pour vous anéantir complètement. L'un de leurs objectifs avoués est de « reconditionner » leurs victimes pendant leur détention. Par conséquent, les méthodes les plus extrêmes auxquelles vous êtes soumis déracinent progressivement tout conditionnement antérieur et mettent à nu les couches les plus profondes de votre subconscient. Personne ne peut y échapper ni y résister. Il est donc vital que vous ressentiez et sachiez, sans l'ombre d'un doute, que malgré tous les stratagèmes de vos bourreaux, il existe et subsistera toujours en vous quelque chose de solidement ancré dans le roc, car c'est le cœur de votre personnalité et ne fait qu'un avec le roc sur lequel il repose. Étant à la fois de vous et du roc, et n'étant nulle part en dehors de vous ou du roc, il est indéracinable. De plus, étant d'éternité, plus il est mis à nu, plus il brille.
Le courage dont font preuve les torturés est très différent lorsqu'ils se considèrent comme de simples malheureux, courageux et solitaires, et lorsqu'ils se considèrent comme membres du corps mystique du Christ. Seuls ces derniers sont susceptibles de survivre sans succomber à la haine.
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