Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

dimanche 28 septembre 2025

LA FEMME QUI NE POUVAIT PAS MOURIR Julia de Beausobre


Julia de Beausobre ,  Julia Namier (également connue sous le nom d'Iulia de Beausobre, née Iulia Michaelovna Kazarina) (1893-1977) est une écrivaine russe, épouse de l'historien britannique Lewis Bernstein Namier. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur la spiritualité chrétienne et une biographie de son mari.

Auteur de La Femme qui ne pouvait pas mourir 


exilée dans un camp de concentration et torturée pendant des années pour sa foi par les communistes, écrit (dans Souffrance créatrice ) :

"L'autre façon de faire face au sadisme est très difficile. Elle est avant tout active. Elle exige de la victime qui s'y adonne une élévation de conscience indissociable de la douleur qui accompagne toute expression de conscience. Elle exige une participation simultanée, par un effort intense de compréhension empathique, au contexte particulier et général de l'action ; une compréhension de la situation présente dans son intégralité ; une perception claire de tous les détails les plus insignifiants qui se produisent autour de vous ; une pénétration, autant que possible, de l'esprit des hommes qui ont orchestré le « contre-interrogatoire » et une compréhension de l'ampleur de la composition divine pour cet événement terrestre particulier. C'est très difficile, car une perception claire, une pénétration de l'esprit d'autrui et une compréhension approfondie exigent une formidable élévation de la sympathie. À l'inverse, toute pointe de sentimentalité, toute réaction passionnée, quelle qu'elle soit, atténueront immédiatement votre attention, vous détourneront de la seule voie raisonnable qui s'offre à vous et ne constitueront qu'un tremplin vers l'hystérie. Une telle pureté La sympathie « distillée », si je puis m'exprimer ainsi, exige une exaltation de toutes les facultés mentales et morales. Or, il est impératif que cette exaltation s'opère dans un état d'esprit de total altruisme. Sans elle, certains ne parviendront pas à éviter l'apitoiement sur eux-mêmes ni à nier la responsabilité de leurs bourreaux – ce qui serait sentimental. D'autres, sans elle, ne parviendront pas à éviter la peur et le désespoir – qui suscitent des passions plus tumultueuses. Tout cela est très difficile. Mais l'essentiel est qu'une fois cet objectif atteint, on réalise qu'on a eu le privilège de participer à rien de moins qu'à un acte de rédemption. Et on découvre alors, incidemment et inévitablement, qu'on a atteint une forme de sérénité qui est, à tout le moins, plus efficace pour contrer les désirs sadiques que n'importe quelle impassibilité stérile.

Les anciens maîtres de la psychologie qui vous tiennent en leur pouvoir font tout leur possible pour vous anéantir complètement. L'un de leurs objectifs avoués est de « reconditionner » leurs victimes pendant leur détention. Par conséquent, les méthodes les plus extrêmes auxquelles vous êtes soumis déracinent progressivement tout conditionnement antérieur et mettent à nu les couches les plus profondes de votre subconscient. Personne ne peut y échapper ni y résister. Il est donc vital que vous ressentiez et sachiez, sans l'ombre d'un doute, que malgré tous les stratagèmes de vos bourreaux, il existe et subsistera toujours en vous quelque chose de solidement ancré dans le roc, car c'est le cœur de votre personnalité et ne fait qu'un avec le roc sur lequel il repose. Étant à la fois de vous et du roc, et n'étant nulle part en dehors de vous ou du roc, il est indéracinable. De plus, étant d'éternité, plus il est mis à nu, plus il brille.

Le courage dont font preuve les torturés est très différent lorsqu'ils se considèrent comme de simples malheureux, courageux et solitaires, et lorsqu'ils se considèrent comme membres du corps mystique du Christ. Seuls ces derniers sont susceptibles de survivre sans succomber à la haine.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire