Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

samedi 27 novembre 2010

CONSEILS AUX DÉBUTANTS POUR LA PRIÈRE DE JÉSUS par P. Christophoros Klitou

"Quand nous sommes débutants, nous devons faire face à des difficultés et faire des erreurs. Nous allons prier d'une manière imparfaite. Donc, ayant cela à l'esprit, il ne faut pas perdre espoir ni courage si l’on ne parvient pas à se concentrer, ni perdre tout intérêt à prendre l'habitude de la prière, mais il faut seulement rediriger son esprit vers la prière. Il y faut beaucoup de travail, de l’acharnement et de la persévérance comme le demande l’acquisition d’une maîtrise de n’importe quelle compétence. N'essayez pas de faire plus d'un "komboskini" (100 prières de Jésus) jusqu'à ce que vous vous soyez accoutumés à la prière. 

Pour le reste de la journée utilisez de courtes prières pour demander à Dieu de bénir tout ce que vous faites. Par exemple, au réveil louez Dieu pour la nouvelle journée, remerciez-le de vous extraire du sommeil et demandez-Lui de bénir votre journée. Si vous avez une règle de prière pour le matin, faites vos prières et demandez-Lui de bénir votre petit déjeuner ou votre boisson du matin. Lorsque vous quittez votre maison pour aller travailler, demandez-Lui de bénir votre départ et de veiller sur votre retour. Quand vous montez dans votre voiture demandez-Lui de bénir votre voyage, quand vous commencez votre travail demandez-Lui de bénir votre tâche et votre lieu de travail. Demandez-Lui de bénir et d'éclairer vos collègues de travail qui travaillent à côté de vous, vous ne rencontrerez pas de problèmes d'humeur ni de stress lié à la jalousie. En fait, en tout nous devons d'abord demander à Dieu de bénir nos actions et de cette manière nous allons prendre l'habitude de nous souvenir de Dieu toute la journée. Il s'agit d'une forme de prière incessante et qui peut facilement être adaptée à notre vie. Lorsque nous avons maîtrisé ce stade, nous pouvons alors passer à l'étape suivante et dire la prière de Jésus, non seulement au moment que nous avons fixé pour la prière, mais à chaque occasion où nous n'avons pas à nous concentrer sur notre travail. Par exemple lors de notre pause café et au moment des repas ou si notre travail ne mobilise pas notre esprit, ou sil ne demande pas de concentration, ce sont alors d'excellentes occasions pour s'exercer à dire la prière. Dans ces moments la prière doit être dite silencieusement sinon les gens vont penser que quelque chose ne tourne pas rond chez vous. Peu à peu, vous remarquerez une différence en vous-mêmes. Vous vous verrez récitant la prière sans même avoir conscience de la prière. La prière deviendra alors une partie de votre vie et bientôt vous vous demanderez comment vous avez vécu sans elle."

mardi 23 novembre 2010

En fait, le bien le plus modeste est plus nécessaire à l'humanité que le plus éminent

par Son Éminence Jean (Shahovskoy)
Archevêque de San Francisco et de l'Ouest
Beaucoup de gens pensent que vivre selon la foi et accomplir la volonté de Dieu est très difficile. En fait c’est très facile. Il suffit de prêter attention à des détails, à des bagatelles, et essayer d'éviter le mal dans les moindres des choses, les plus triviales. C'est le moyen le plus simple et le plus sûr pour entrer dans le monde de l'esprit et se rapprocher de Dieu. L’homme pense souvent que le Créateur exige de lui de grandes choses, que l'Évangile insiste sur le sacrifice total de soi, l'abolition de sa personnalité, etc. comme condition de la foi. L’homme est tellement effrayé par cela qu'il commence à craindre de se familiariser avec Dieu, de se rapprocher de Dieu, et il se cache lui-même de Dieu, ne voulant même pas examiner la Parole de Dieu. "Si je ne peux rien faire d'important pour Dieu, alors je ferais mieux de rester loin des choses spirituelles, arrêter de penser à l'éternité, et vivre "d’une manière normale."

Il existe à l'entrée du Royaume spirituel une "hypnose des grandes choses" : il faudrait soit faire quelque chose de grand ou ne rien faire. Et c’est ainsi que les gens ne font rien du tout pour Dieu ou pour leur âme ! C’est très étrange, plus un homme se consacre aux petites choses de la vie, moins il veut être honnête ou pur ou fidèle à Dieu dans ces mêmes petites choses. Et, pourtant, on doit adopter une attitude correcte envers les petites choses si l'on désire s'approcher du royaume des cieux.

si l'on désire s'approcher ... Dans ces mots sont résumées toutes les difficultés de la vie religieuse. Souvent, on veut entrer dans le Royaume des Cieux de façon soudaine, de quelque façon miraculeuse et magique, ou, de droit – grâce à quelque chose comme un grand exploit. Mais ni l'une ni l'autre de ces voies n’est le bon chemin pour parvenir au monde le plus élevé. On n'entre pas dans la présence de Dieu de quelque manière merveilleuse, tout en restant indifférent sur terre aux besoins du Royaume de Dieu et à sa lumineuse éternité, pas plus qu’on ne peut obtenir les trésors du Royaume de Dieu par une sorte d'acte éternel, quelque magnifique qu’il puisse être. En revanche, de bonnes actions, de saintes actions sont nécessaires pour grandir dans une vie supérieure, une volonté brillante, un bon désir, une psychologie céleste, un cœur qui est à la fois pur et juste ...

«...Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense." (Mat.10;42)  Dans cette parole du Seigneur est la plus haute expression de la petitesse du bien."Un verre d'eau", ce n'est pas beaucoup ... Dans tout rapport entre les gens, il doit y avoir immanquablement un esprit bon. Cet esprit est le Christ, ouvertement manifeste ou caché.

"Au nom d'un disciple" - c'est la première étape dans la relation avec une autre personne au nom de Jésus-Christ Lui-même. Beaucoup de gens, ne connaissant pas encore le Seigneur et la fraternité merveilleuse en Son Nom ont pourtant entre eux des relations humaines fraternelles, désintéressées et pures qui les rapprochent de l'Esprit du Christ ...

... En fait, le bien le plus modeste est plus nécessaire à l'humanité que le plus éminent. Les gens peuvent coexister en s’entendant sans le plus grand bien, mais sans le moindre, ils ne peuvent pas exister. L'humanité périt non pas d'un manque du plus grand bien, mais d'une insuffisance de ce simple bien moins important. Le plus grand bien n'est pas plus qu'un toit, posé sur les murs de briques du bien le plus petit. Le moindre bien, le plus simple, a été laissé sur cette terre pour l'homme par le Créateur Lui-même, qui a pris sur Lui tout le bien le plus noble. Quiconque fait le plus petit bien, crée lui-même – et à travers lui le Créateur Lui-même crée – le plus grand bien. De notre petit bien le Créateur fait son propre grand bien. Car de même que notre Seigneur est le Créateur qui a formé toutes choses à partir du néant, combien plus Il est capable de créer le plus grand bien à partir du plus petit ...

Par un tel travail plus modeste, facile, fait dans la plus grande simplicité, un homme prend l’habitude de faire le bien et commence à le servir de tout son cœur, sincèrement, et de cette manière entre dans une atmosphère de bonté, plonge les racines de sa vie dans un sol nouveau, le sol du bien. Les racines de la vie humaine s'accommodent rapidement de cette bonne terre, et bientôt ne peuvent pas vivre sans elle... C’est ainsi qu’un homme est sauvé : du petit vient le grand. "Être fidèle dans les petites choses" se révèle être "fidèle dans les grandes."

Laissons de côté toutes les considérations théoriques telles que : il est interdit de massacrer des millions de femmes, d’enfants et de vieilles personnes ; contentez-vous de manifester votre sens moral en ne tuant d’aucune façon la dignité humaine de votre prochain, ni par la parole, ni par l’insinuation, ni par le geste. Ne vous fâchez pas pour des vétilles "contre votre frère en vain" (Matthieu 5:22) ou dans les contacts quotidiens de la vie ne parlez pas faussement à votre voisin. Ce sont des bagatelles, de petits changements, de peu d’importance, mais essayez seulement de le faire et vous verrez ce qu’il en adviendra.

Il est difficile de prier la nuit. Essayez donc le matin. Si vous ne parvenez pas à prier à la maison, alors, quand vous roulez jusqu’à votre lieu de travail récitez au moins le "Notre Père" avec un esprit simple et laissez les mots de cette courte prière résonner dans votre cœur. Et la nuit confiez-vous en toute sincérité aux mains du Père céleste. C'est vraiment très facile.

Et donnez, donnez un verre d'eau froide à tous ceux qui en ont besoin ; donnez un verre rempli à ras bord avec un simple esprit de camaraderie humaine pour tous ceux qui en manquent, la plus simple des camaraderies ...

O merveilleux chemin des petites choses, je te chante un hymne ! Entourez-vous, bonnes gens, ceignez-vous avec de petites œuvres de bien – avec une chaîne de petits sentiments, simples, faciles et bons qui ne coûtent rien, une chaîne de radieuses pensées, paroles et actions. Laissons de côté les grandes et les difficiles. Elles sont réservées à ceux qui les aiment et ne sont pas pour nous, qui n'avons pas encore appris à aimer les plus grandes, pour nous pour qui le Seigneur dans sa miséricorde, a répandu partout l’amour le plus petit, libre comme l'eau et l'air."

dimanche 21 novembre 2010

Parvenir à sentir qu'on est... rien.


Quelle est cette ascension intérieure que nous sommes appelés à entreprendre ?  
Cela ressemble parfois à quelque chose comme un chemin incertain et difficile vers un but inaccessible. La plupart d'entre nous ne peut même pas imaginer ce que ça doit être de voir et de sentir la présence de Dieu opérant en nous à travers tous les membres de notre corps. 
Quand nous nous engageons sur le chemin orthodoxe en adhérant au mode de vie orthodoxe, nous sommes motivés avec un désir fort, un grand zèle, pour venir à bout de notre aveuglement et devenir pleinement unis à Dieu, pour partager sa lumière glorieuse . Au début, nous n’avons eu qu’un aperçu de cette union plus parfaite avec Dieu. Mais cela a suffi à mettre le feu à notre âme, nous motivant à changer notre façon d'être avec l’aide de Dieu, dans l'Église. Nous nous sommes rendu compte que nous devions prendre des mesures concernant notre propre mode de vie pour nous débarrasser du péché dont nous avons eu de plus en plus une conscience aigüe. Nous avons lutté et lutté. Nous avons constaté que c'est la nature de la voie.
Saint Théophane nous dit que cette ascension intérieure nous conduit à la "révélation et l'apparition à notre conscience de l'œuvre de Dieu en nous." Ce n'est pas autre chose que notre œuvre de salut et de purification, nous dit-il.

«Le zélote est éclairé sur cette réalité à travers de fréquents échecs rencontrés en dépit de tous ses efforts, et de beaux succès inattendus rencontrés sans tentative particulière. Erreurs et chutes sont particulièrement éclairantes en nous privant de la grâce. Tous ces manquements amènent un homme à la pensée et à la croyance qu'il n'est rien, alors que Dieu et sa grâce toute-puissante sont tout.»


C’est la destination finale, la réalisation que nous ne sommes "rien" car Saint Théophane affirme :
"Ce n'est pas possible à moins que la personne parvienne à sentir qu'elle n'est rien."

dimanche 7 novembre 2010

Compatibilité du travail et et de la prière


Est-il possible de prier pendant que nous travaillons ? A première vue, il semble que cela va nous détourner de notre travail. En réalité cela nous permettra d'améliorer notre concentration et notre capacité à faire un travail de qualité sans être gêné par les distractions et l'anxiété.
Voici ce que dit l'Ancien Paissios :

« Quand quelqu'un fait un travail qui nécessite de la concentration, comme conduire une voiture, ou opérer un patient, il doit aussi dire la prière de Jésus afin que Dieu puisse l'aider et l'éclairer, mais il doit prier avec son cœur, et utiliser son esprit pour se concentrer sur son travail et ainsi éviter de faire des erreurs. »

La prière peut nous aider à nous concentrer et à acquérir une plus grande compréhension de notre travail.
L’Ancien dit encore :

« Plus l'esprit se concentre sur la prière, et est dans l’humilité, plus il est illuminé par la grâce de Dieu. Au contraire, plus il devient dispersé et confus en raison de son arrogance, plus il se trouble, si bien que notre esprit, qui est propre par nature, se remplit de pensées sales. »

C'est par la prière que nous agissons avec un esprit «propre». Sans la prière, nous nous abandonnons à nos propres pensées souvent confuses. Nous produisons encore et encore dans notre esprit des pensées négatives sur telle ou telle personne. Nous fabriquons encore et encore des scénarios sur ce qui pourrait nous arriver dans le futur. Avec la prière continue notre esprit devient calme, pur de pensées distrayantes, seulement rempli de Dieu et le travail qui est en face de nous à ce moment-là. Nous demeurons dans la vision de Sa volonté pour nous.

Encore quelques paroles de Geronda Païssios sur le blog de Claude

mercredi 3 novembre 2010

Pour une croissance spirituelle solide par l'Ancien Ephraïm de la Sainte Montagne

 "Plus rapidement vous aurez acquis une vertu, plus facilement vous la reperdrez. Plus lentement et laborieusement vous l' aurez acquise, plus fermement elle demeurera;  tout comme cette plante de courge qui était devenue grande et qui disait  au cyprès :
– Tu as vu de combien j’ai poussé en quelques jours ? Tu es là depuis de nombreuses années et tu n’as presque pas grandi !
– Oui, dit le cyprès, mais tu n'as pas encore connu les tempêtes, les vagues de chaleur, et les périodes de froid !
Et peu de temps après la plante de courge se dessécha, tandis que le cyprès resta où il était.

Ainsi est l’homme spirituel. Par temps de tempête ou par temps calme, il reste le même. Pourquoi ? Parce qu'une longue période de temps a créé la stabilité. Quand cet homme a commencé à renoncer au monde, sa condition spirituelle était instable, mais avec le temps, la grâce de Dieu a progressivement travaillé à son salut et à la libération de ses passions. Ainsi, une personne a besoin de faire des efforts aujourd'hui, et la grâce de Dieu commencera à agir d’elle-même demain. Ensuite, vous n'aurez pas besoin de vous efforcer d’avoir de bonnes pensées ; c’est la grâce qui demeurera en vous qui les fera venir à votre esprit, sans votre effort. Ensuite, vous verrez de grands mystères ! Vous acquerrez, pour ainsi dire, la présence à l’esprit de la mort, ou un autre souvenir bénéfique. Lorsque vous vous réveillerez et commencerez d'ouvrir vos yeux, au lieu de vous sentir encore endormi, vous aurez progressé ; vous aurez déjà passé à travers tout le mystère de la theoria et vous direz : "Mais comment cette chose-là se produit-elle, alors que  je me lève à peine ? Comment cette chose se produit-elle ? " 

Tout pareillement, la grâce de Dieu agit par elle-même,  elle est le résultat d'une habitude de longue date.
La même chose arrive avec le péché : éveillé ou endormi, un homme pécheur pense constamment au mal Quand le péché est renforcé par une mauvaise habitude et par le diable, il devient un mal constant. Ainsi en est-il avec le bien, une bonne habitude assistée par la grâce de Dieu devient une seconde nature. "