Théodose. – Comment te portes-tu, Seigneur Abbé?
Maxime. — Ainsi que dans sa Providence à mon égard Dieu a
prédestiné (προώρισεν) avant tous les âges de me conduire au terme, ainsi je me
porte.
T. – Quoi donc? Avant tous les âges Dieu a prédestiné chacun
d'entre nous?
M. – S'il est vrai qu'il a préconnu toutes choses, il les a
aussi prédestinées totalement.
T. – Qu'est-ce préconnaitre et prédestiner?
M. – La précοnnaissance concerne les pensées, les paroles et
les oeuvres qui dépendent de nous, la prédestina¬tiοn concerne les choses qui
nous arrivent sans que cela dépende de nous.
T. – Quelles choses dépendent de nous et lesquelles ne
dépendent pas de nous?
M. – Semble-t-il, Monseigneur connais tout et discute avec
son serviteur pour le mettre à l'épreuve!
T. – Par la
vérité de Dieu, je t'ai interrogé par ignorance et veux apprendre la différence
entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous
et comment les unes appartiennent à la précοnnaissance de Dieu et les autres à
sa prédestination.
M. – Dépend de nous tout ce qui est délibéré (εκούσια),
c'est-à-dire les vertus et les vices; ne dépend pas de nous ce qui survient
pour nous éprouver, ou le contraire, par exemple : ni la maladie qui éprouve,
ni la santé qui réjouit ne dépendent de nous, bien que nous puissions en être
la cause, par exemple une vie désordonnée est cause de maladie, une vie bien
ordonnée cause de santé; et la garde des commandements est cause du Royaume des
cieux, de même que leur transgression l'est du feu éternel.
T. – Quoi donc? Ce pourquoi tu es affligé dans cet exil,
c'est que tu as fait des choses dignes de cette affliction?
M. – Je demande que Dieu circonscrive par cette affliction
les peines de ceux qui péchèrent contre lui par la transgression de ses justes
commandements.
T. – L'affliction ne vient-elle pas à beaucoup en vue de les
éprouver?
M. – Les saints sont éprouvés pour que, par leur affliction,
soient manifestées pour la vie des hommes leurs dispositions naturelles pour le
bien et que par elles soient illustrées leurs vertus ignorées de tous, comme en
Job et Joseph. En effet le premier a été tenté pour que se manifeste sa force
d'âme cachée; le second a été éprouvé pour que soit proclamée sa sainte
chasteté; et chacun des saints a été affligé en cet âge sans l'avoir voulu,
selon des économies de ce type, afin de souffrir pour que soit pardonnée la faiblesse
de ceux qui ont commercé avec le dragon apostat et orgueilleux, c'est-à-dire le
diable, car la patience est l'œuvre de l'épreuve dans chacun des saints.
T. – Par la vérité de Dieu, tu parles bien, et je rends
grâce à ton aide. Je cherchais toujours à parler ainsi avec vous, mais puisque
c'est sur un autre chapitre que moi et messeigneurs les patriciens sommes venus
vers toi et avons parcouru de pareilles distances, nous t'invitons à accueillir
ce qui te sera proposé par nous et à réjouir ainsi toute la terre (Acta 137
13-140 A).