"Le discours chrétien sur la mort et la résurrection est désormais considéré comme hors jeu par une grande partie de nos contemporains. Face à l'inéluctable événement de la mort, ces derniers attendent de la Science qu'elle résolve un problème qui, par essence, n'est pas scientifique mais existentiel. Les hommes et les femmes de ce temps placent leur espérance, qui n'est plus chrétienne, en une Science capable, un jour, d'accumuler indéfiniment la somme de nos jours, d'endiguer souverainement cette maladie répugnante qu'est devenue, aux yeux de nos contemporains, la vieillesse et d'exterminer la mort. Nous vivons comme si nous n'allions pas mourir, comme si notre existence pouvait être dégagée de la réalité aliénante de la mort. Devant l'angoisse existentielle fondamentale de la mortalité, l'homme d'aujourd'hui est nu comme il ne l'avait jamais été auparavant. Certes, l'homme a toujours su que nul ne pouvait mourir à sa place et que l'événement de la mort est pour chaque être humain l'expérience d'une terrible et redoutable solitude. Mais ce qu'il y a de nouveau dans notre civilisation actuelle, c'est le fait que, pour la première fois dans l'histoire des hommes, on s'ingénie à ignorer l'événement humain de la mort. On ne sait plus ce que tous les hommes, partout, ont toujours su : que personne ne doit mourir seul, que l'amour et la prière des vivants peuvent faciliter l'ultime exode, le grand passage. On sacrifie aux défunts un jour par an, le deuxième de novembre, mais c'est un jour sans espérance qui a significativement submergé la fête du 1er novembre qui n'est plus perçue comme une fête de lumière sans déclin, divine et incréée, joyeuse et sereine, mais comme celle des chrysanthèmes et des cimetières." P. André Borrely (extrait de son très beau texte Mon Royaume n'est pas de ce monde)
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