Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

jeudi 4 avril 2013

« Non, je ne te laisserai pas aller que tu ne m'aies béni. »


23 Il [Jacob] se leva cette nuit-là, prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze fils et il passa la passe du Yabok ; 24 et il les prit et il passa le torrent et il fit passer tous ses biens. 25 Or Jacob demeura seul en arrière et un homme luttait avec lui jusqu'au matin. 26 Il vit qu'il ne l'emportait pas sur lui ; et il toucha le plat de sa cuisse, et le plat de la cuisse de Jacob fut engourdi tandis qu'il luttait avec lui. 27 Et il lui dit : « Laisse-moi aller, car l'aube s'est levée. » L'autre lui dit : « Non, je ne te laisserai pas aller que tu ne m'aies béni. » 28 Il lui dit : « Quel est ton nom ? » L'autre dit «Jacob. » 29 Il lui dit : « On ne t'appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom, parce que tu as été fort avec Dieu et, avec les hommes, puissant. » 30 Jacob fit cette demande : « Fais-moi connaître ton nom. » Il dit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom? » et là, il le bénit. 31 Et Jacob donna à ce lieu le nom de Forme-visible-de-Dieu. « Car j'ai vu Dieu face à face et mon âme été sauvée. » 32 Le soleil se leva sur lui alors qu'il dépassait Forme-visible-de-Dieu, et sa cuisse le faisait boiter. 33 Voilà pourquoi les fils d'Israël ne mangeront pas le nerf qui fut engourdi, celui qui est sur le plat de la cuisse, et ce jusqu'à ce jour parce qu'il avait touché le nerf du plat de la cuisse de Jacob et qui avait été engourdi. ( LXX, Genèse 32, 23-33 )

vendredi 22 mars 2013

Un moment de retraite si possible...

   

2 Corinthiens 6:14-18

14 Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité? ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres?

15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial? ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle?

16 Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l'a dit: J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

17 C'est pourquoi, Sortez du milieu d'eux, Et séparez-vous, dit le Seigneur; Ne touchez pas à ce qui est impur, Et je vous accueillerai.

18 Je serai pour vous un père, Et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout puissant.
Saint Apôtre Paul

Essayer de vivre en orthodoxe...

Vivre selon une voie droite sans foi en Dieu est bien difficile et méritoire dans ce monde de confusion mentale où l'on fait croire que tout est équivalent à tout, que le bien est subjectif et relatif et n'est pas différent du mal...  

Vivre en chrétien nécessite beaucoup de courage dans ce monde qui grouille de démons malfaisants qui tirent toutes les ficelles du mauvais côté pour éradiquer ce qui reste de Christianisme...  

Mais essayer de vivre en Orthodoxe dans cette société de déni et de propagande idéologique permanente jusqu'au révisionnisme éhonté, sans foi ni loi, sans feu ni lieu, dénaturée, malade, et qui plus est, est même parvenue à défigurer ce qui reste de christianisme, cela relève de l’héroïsme...

 Mais ce qui impossible est possible à Dieu,
alors Bon Courage et Bon Carême chers frères et sœurs !

lundi 18 mars 2013

Être un véritable chrétien...

"Être un véritable chrétien signifie être un repentant à vie, avoir constamment sous les yeux la multitude de ses péchés, et ressentir sans cesse une disposition au repentir. C’est à cela que l’homme est appelé, avant même de devenir chrétien : « Repentez-vous et croyez en l’Évangile » (Mc 1,15), dit le Seigneur au commencement de Sa prédication, montrant ainsi la voie par laquelle on devient disciple du Christ, à savoir le repentir. Celui-ci constitue, comme le dit St Nicolas Velimirovitch, une révolte contre l’homme ancien, immergé dans le péché et les passions, et éloigné de Dieu. Car chaque péché éloigne de Dieu, et l’homme empli de péchés erre dans une terre lointaine, d’où il ne peut voir le visage de Dieu. Pour qu’un tel homme puisse devenir « une nouvelle créature », selon l’expression du saint apôtre Paul, il lui faut en premier lieu revenir à lui - même, à l’instar du fils prodigue de l’Évangile. Indubitablement, le temps défini par Dieu pour ce réveil du sommeil léthargique du péché est le Grand Carême, la Sainte Quarantaine. C’est alors que l’homme se met en mouvement dans la direction du repentir, là tout lui rappelle ses péchés : chaque hymne, chaque stichère, chaque prière, chaque parole qui est entendue à l’église. Et avant tout, l’insurpassable Grand Canon de notre saint père André de Crète. Il s’agit d’un océan insondable de larmes de pénitence, de cris, de soupirs. Il n’y a pas d’homme, pas de pécheur qui ne puisse se trouver dans le Grand Canon. Pour cette raison, le Grand Canon est en fait la confession personnelle de chaque chrétien orthodoxe. (extrait de l’introduction  au Grand Canon de  saint André de Crète )

dimanche 10 mars 2013

Les plaisirs selon St Jean Damascène


"Des plaisirs, les uns concernent la psyché, d'autre le corporel. Des premiers, il y a ceux qui intéressent seulement l'âme en elle-même, comme ce qui concerne la science et la contemplation. Les plaisirs du corps sont dits tels, mais en réalité ils ne sont que par la conjonction âme et corps, comme pour la nourriture, la sexualité..., et l'on ne trouve pas de plaisir qui soit uniquement corporel. 

Des plaisirs toujours, les uns sont véritables, les autres mensongers ; les uns sont de la pensée pure, comme la connaissance et la contemplation, les autres corporels avec la sensation. Les plaisirs du corps sont les uns naturels et nécessaires, sans lesquels la vie est impossible, comme de manger ; ils satisfont les besoins, comme les vêtements indispensables. D'autres sont naturels, mais non nécessaires comme les rapports sexuels qui pourtant viennent d'une loi naturelle tendant à la conservation du genre humain. On peut vivre dans la virginité, sans eux. Il y a des plaisirs qui ne sont ni naturels, ni nécessaires, ceux qui vont au-delà du besoin comme l'ivresse, la débauche, la gloutonnerie. Ils ne tendent ni à la conservation de la vie, ni à la propagation de l'espèce. Ils sont bien au contraire nuisibles. Celui qui vit en Dieu a droit aux plaisirs que donne le nécessaire à l'existence ; il ne doit admettre qu'en deuxième lieu les plaisirs corporels non-nécessaires et seulement en une occasion, une mesure et un mode convenables ; tous les autres sont à rejeter toujours.

Il faut prendre des plaisirs sains, non mêlés de tristesse, ni suivis de regrets ou générateurs de dommages, ne dépassant pas les bornes de la mesure, n'empêchant pas ce qui est plus important, et enfin ne devenant pas pour nous une sujétion."   St Jean Damascène
(Exposé De La Foi Orthodoxe Livre II, Chap. XIII - Traduction, introduction et notes du Dr E. Ponsoye)

mercredi 27 février 2013

La fidélité au réel et le refus des masques du chrétien orthodoxe

Publicain et Pharisien
"Les chrétiens n'ignorent pas le péché, l'échec existentiel et la chute de l'homme. Au contraire, ils le combattent par une ascèse et un effort quotidiens. Mais ils ne craignent pas, ils ne sont pas soumis à la peur de la culpabilité individuelle. Car le Christ est là, « qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29), « qui ressuscite les morts ». Cette fidélité à la réalité humaine, à la réalité de la chute comme à celle de la nouvelle naissance de l'homme, le rejet des illusions idéalistes, des formes utopiques, des embellissements et des calmants, est la qualité radicalement neuve de la vie qui fait toute la différence entre la morale chrétienne et les intentions éthiques les plus généreuses. Avant toute autre chose, la morale chrétienne vise l'identité personnelle de l'homme. Tel est son premier pas, qui est aussi le dernier: que l'homme s'identifie avec sa vérité, qu'il refuse les masques que lui impose la nécessité égocentrique de se conformer de manière extérieure et formelle aux exigences de la reconnaissance et de la considération sociales. Le chrétien ne s'intéresse pas fondamentalement à la vertu, mais il s'intéresse fondamentalement à la vérité. La vertu, si elle se fait autonome, peut éloigner l'homme de Dieu. La vérité, elle, ne peut pas se faire autonome. Car elle s'identifie avec la vie entière, avec la vie indivise. Quand bien même toute la vie de l'homme serait un éloignement de Dieu, le simple fait d'avoir conscience de cette vérité est une première relation avec Lui. Ce qui éloigne l'homme du Christ et de l'Église est la falsification de la vie, le « mensonge existentiel » des masques du surmoi, la conformité aux modèles extérieurs du comportement conventionnel." 
Christos Yannaras (La liberté de la morale)

jeudi 14 février 2013

Le désir de plaire à Dieu rencontre beaucoup d'obstacles

St Macaire l'Egyptien

Ceux qui ont aimé Dieu en vérité n'ont pas décidé de le servir en vue du Royaume, comme s'ils cherchaient à faire un marché et un bénéfice, ni non plus pour échapper au châtiment réservé aux pécheurs. Mais ils l'ont aimé comme le seul Dieu et comme leur propre Créateur. 
Ils ont reconnu par conséquent que les serviteurs doivent plaire à leur Maître qui les a créés. Et ils font preuve d'un grand discernement devant ce qui leur arrive. Car le désir de plaire à Dieu rencontre beaucoup d'obstacles dès lors que ce ne sont pas seulement l'indigence et le discrédit, mais aussi la richesse et l'honneur qui sont des tentations pour l'âme. Et en un certain sens, même la consolation et le réconfort que l'âme reçoit de la grâce peuvent très facilement se transformer en épreuve et en empêchement, si l'âme qui en a été jugée digne ne les ressent pas et n'en use pas avec beaucoup de mesure et de discernement. Car le mal, sous le couvert d'une telle grâce, s'ingénie à relâcher la tension dans l'âme, et à y faire entrer la mollesse et la négligence. 
C'est pourquoi la grâce elle-même a besoin, pour communier, d'une âme pieuse et perspicace qui sache l'honorer et porter des fruits dignes d'elle. Ce ne sont donc pas seulement les afflictions, mais aussi les réconforts qui risquent de devenir pour l'âme une épreuve. Car à travers les unes et les autres les âmes sont éprouvées par le Créateur, afin que soient clairement manifestées celles qui ne l'aiment pas pour en avoir un gain, mais qui considèrent que lui seul est digne d'une affection et d'un honneur vraiment grands. 
Ainsi pour celui qui est négligent, qui manque de foi, qui pense encore comme un enfant, les circonstances tristes et pénibles, la maladie, l'indigence, le discrédit, ou au contraire la richesse, la gloire, la louange des hommes, tout cela est un obstacle à la vie éternelle, outre la guerre cachée que nous fait le malin. 
De même à l'inverse, tu trouveras que ces mêmes circonstances aident bien plutôt l'homme fidèle, perspicace et noble, à parvenir au Royaume de Dieu. «Pour ceux qui aiment Dieu en effet, suivant l'Apôtre divin, tout concourt au bien.» il est donc prouvé par-là que l'homme qui aime vraiment Dieu, qui a rompu, vaincu et surmonté tout ce qui est considéré dans le monde comme un obstacle, s'attache uniquement à l'amour divin. «Les pièges des pécheurs m'ont entouré, dit le Prophète, mais je n'ai pas oublié ta loi.» St Macaire l'Egyptien ( Philocalie des Pères Neptiques Sur l'élévation de l'intelligence)

dimanche 27 janvier 2013

Simplifiez votre vie par l'Ancien Païsios

Les laïcs disent: «Quelle chance ont ces gens riches qui vivent dans des palais et qui ont toutes sortes de commodités» En vérité, bienheureux sont ceux qui ont réussi à simplifier leur vie et se libérer du joug du progrès du monde, des commodités de nombreux qui sont devenus des inconvénients, et se sont par conséquent débarrassé de l'angoisse terrible qui afflige tant de gens aujourd'hui. Si l'homme ne simplifie pas sa vie, il finira par se tourmenter. Mais s’il la simplifie, toute son anxiété disparaîtra.


Un Allemand au Sinaï disait à un jeune bédouin très intelligent, «Vous êtes intelligent, vous pouvez apprendre à lire. – Et alors?  demanda le garçon. – Eh bien, alors vous deviendrez un mécanicien automobile.– Et alors?  répéta le garçon. – Alors vous allez ouvrir un magasin de voitures.– Et alors?  demanda le garçon à nouveau. –  Ensuite, vous vous agrandirez et vous embaucherez d'autres personnes pour travailler pour vous, et vous aurez votre propre personnel.– En d'autres termes, dit le garçon, je vais empiler un mal de tête au-dessus de l'autre. N'est-ce pas mieux maintenant que mon esprit est libre de soucis?» La plupart des maux de tête sont le résultat de toutes ces pensées que nous avons à faire ceci, que nous avons à faire cela ... Mais si nos pensées étaient de nature spirituelle, nous ressentirions la consolation divine et nous serions guéris de ces maux de tête.

En ces jours, je mets l’accent sur la simplicité pour les laïcs aussi, parce que beaucoup de choses qu'ils font ne sont pas nécessaires et ils finissent par être consumés par l'anxiété. Je leur parle de l'austérité et de l'ascèse. Je ne cesse de leur faire cette admonestation : «Si vous voulez vous débarrasser de l'anxiété, simplifiez votre vie!» C'est ainsi que la plupart des divorces commencent. Les gens doivent faire trop de choses, ont trop d'obligations jusqu’au vertige. Les deux parents travaillent et ne s'occupent plus des enfants. Le résultat est la fatigue et la nervosité, il s'ensuit que de petits problèmes  se transforment en grandes querelles puis de façon automatique en divorces ; c'est  par là qu’ils finissent. Mais s’ils avaient simplifié leur vie, ils trouveraient le repos et la joie. Le stress est catastrophique.

Une fois, j'étais dans une maison très chic où l'on m'a dit dans une conversation: «Nous vivons au paradis, tandis que d'autres sont dans un tel besoin. – Vous vivez dans l'enfer.», ai-je répondu. « Dieu dit à l'homme riche, fou, cette nuit même ton âme te sera redemandée (Luc 12:20). Si le Christ me demandait : «Où dois-je te mettre, dans une maison comme celle-ci ou en prison?» Je répondrais: «Dans un cachot obscur. »



Parce que le cachot me ferait du bien, il pourrait me rappeler le Christ, les saints martyrs, les ascètes qui vivaient dans les trous de la terre, cela me rappellerait la vie monastique. Le cachot ressemblerait un peu à ma cellule et je serais heureux. Mais que pourrait me rappeler un tel palace et en quoi cela m'aiderait-il ? C'est pourquoi je trouve des cellules de prison beaucoup plus reposantes qu'un salon mondain. Je les trouve  même plus reposantes qu’une belle cellule monastique. Je préfère passer  mille nuits dans une cellule de prison, qu’une seule  journée dans une maison en peluche.»

Une jour, quand j'étais avec un ami à Athènes, il m'a demandé de recevoir un père de famille qui ne pouvait me voir que très tôt le matin, à l'aube, parce que c'était le seul moment  qu'il avait de libre. Il est arrivé dans une bonne humeur qui louait Dieu en chaque mot. Il était plein d'humilité et de simplicité et me supplia de prier pour sa famille. Ce frère, qui avait environ trente-huit ans, avait eu sept enfants. À la maison, ils étaient onze âmes, parce que ses parents vivaient avec lui, et ils partageaient tous la même pièce. Il parlait avec une grande simplicité, «La pièce est bien adaptée à nous quand nous nous levons tous, mais quand  nous nous couchons, c’est un peu serré. Dieu merci, nous avons entrepris maintenant de construire une remise pour l'utiliser comme cuisine et cela nous va  bien. Père, dit-il, nous avons au moins un toit sur notre tête, tandis que d'autres personnes vivent à l'air libre.» L'homme était un repasseur. Il  vivait à Athènes et devait partir tous les jours avant l'aube pour arriver au Pirée  à temps pour son travail dans un magasin de nettoyage à sec.

Il souffrait de varices  à force de se tenir tout le temps debout  et ses jambes le faisaient beaucoup souffrir, mais son amour pour sa famille lui faisait oublier sa douleur et son inconfort. En fait, ce dont il se plaignait constamment c’était de ne pas avoir, disait-il, le moindre amour dans son cœur, parce qu'il ne faisait pas  d’actes de charité chrétienne. En revanche il faisait l'éloge de sa femme pour sa charité. Apparemment, en plus de prendre soin de ses enfants et de ses beaux-parents, elle lavait les vêtements de quelques vieux du quartier, mettaient de l’ordre  dans  leurs maisons et même leur faisait un peu de cuisine comme de la soupe.

 On pouvait voir la Grâce divine peinte sur le visage de cet homme de bonne famille. Il avait le Christ dans son cœur et était plein de joie, tout comme sa maison avec sa  pièce unique  était  remplie de bonheur céleste. Comparez cet homme avec des gens qui n'ont pas le Christ dans leur cœur, ils sont remplis d'anxiété. Prenez en deux et mettez-les dans une maison assez  grande pour onze personnes; ils ne trouveront pas le moyen de s'y adapter.
Il arrive parfois que certaines personnes même spirituelles ne sont pas capables de vivre ensemble, quel que soit l’espace dont ils disposent, parce qu'ils n'ont pas la plénitude du Christ dans leur cœur. 

Si les femmes de Pharasa pouvaient voir notre luxe, en particulier dans certains monastères, elles diraient: «Nous avons abandonné Dieu et Il enverra le feu sur nous pour nous brûler!"

Je me souviens de les avoir vu exécuter toutes leurs tâches en quelques secondes. Elles devaient d'abord faire sortir les chèvres  dans la matinée, puis s’occuper de la maison. Après cela, elles allaient aux Chapelles ou se rassemblaient dans des grottes et celles qui savaient lire lisaient la Vie des Saints du jour. Ensuite, elles faisaient leurs métanies et disaient la Prière de Jésus. Puis elles allaient travailler et travailler sans sentir la fatigue. 
A  cette époque, une femme devait savoir comment raccommoder les vêtements.
Et elles raccommodaient  les vêtements à la main ; il y avait quelques machines à coudre dans les villes, mais pas dans les villages, et si je me souviens bien, dans toute la ville de Pharasa il y en avait une, peut-être deux, qui étaient à usage familial pour coudre des vêtements qui étaient très confortables à porter. Elles tricotaient également des chaussettes à la main. Elles faisaient les choses avec soin et amour (μεράκι)  mais elles avaient  aussi assez de temps pour toutes ces tâches parce qu'elles faisaient les choses d'une manière simple. Les habitants de Pharasa  ne s'encombraient pas de détails. Ils appréciaient la joie de la vie monastique. Et si, par exemple, la couverture pendait d’un côté du lit plus que l'autre et que vous en faisiez la remarque en leur enjoignant de redresser la couverture, ils répondaient: «Pourquoi, ça vous empêche de prier?»



Ce genre de vie monastique joyeuse est aujourd'hui inconnu. La plupart des gens croient qu'ils ne doivent pas aller au devant de quelque difficulté que ce soit, ou être privé de quoi que ce soit. Mais s'ils pensaient en termes monastiques et vivaient avec plus de simplicité, ils pourraient  trouver la paix qu'ils recherchent. Au lieu de cela, ils sont remplis d'angoisse et de désespoir.

Ils disent: «Untel a bien réussi car il a construit deux immeubles avec des appartements, ou parce qu'il a appris cinq langues, et ainsi de suite. Et je n'ai même pas mon propre appartement et je ne parle même pas une langue étrangère. Oh, je ne suis bon à rien. Une personne qui a une voiture se dit:« Celui-là a une meilleure voiture que la mienne ! Je devrais en acheter une aussi. » Alors il achète une meilleure voiture, mais il ne ressent pas vraiment de joie parce que quelqu'un d'autre en possède une encore meilleure.   Il achète alors une voiture encore meilleure, mais ensuite... il apprend que d'autres ont leurs propres avions privés et il est à nouveau malheureux.

Il n'y a pas de fin à cela. Mais une personne qui ne possède pas de voiture se réjouit quand il loue Dieu. «Dieu merci, dit-il, même si je n'ai pas de voiture, j'ai de bonnes jambes et je peux marcher. Combien de personnes y a-t-il dans le monde qui n'ont pas de jambes et ne peuvent pas s’occuper de leurs besoins et faire des promenades? J'ai au moins mes jambes! » Et un boiteux se dit :« Il y a des gens à qui manquent les deux jambes... », et il se réjouit d’avoir les siennes.

L'ingratitude et la cupidité sont la cause de beaucoup de maux. La personne qui possède trop de choses est possédée par ces choses matérielles et est toujours possédée par les soucis et l'anxiété parce qu'elle tremble à la pensée qu'elle pourrait perdre à la fois ses biens et son âme. Un homme richement  vêtu est venu d'Athènes et m'a dit: «Père, mes enfants ne m'écoutent plus, je les ai perdus. – Combien d'enfants avez-vous, lui ai-je demandé. – Deux, m’a-t-il dit. Je les ai élevés dans le luxe. Ils avaient tout ce qu'ils voulaient. Je leur ai même acheté une voiture » Au cours de la conversation, j'ai découvert que lui et sa femme avaient chacun leur propre voiture. « Cher homme, ai-je dit, au lieu de résoudre vos problèmes, vous n’avez fait qu'empirer les choses. Maintenant, vous avez besoin d'un grand garage pour mettre toutes ces voitures et d'un mécanicien pour s’en occuper. Cela vous coûtera donc quatre fois plus et en outre tous les quatre, vous risquez de vous tuer à tout moment. Au contraire, si vous aviez simplifié votre vie, votre famille serait unie et vous vous comprendriez  les uns les autres, et vous n’auriez aucun des problèmes que vous décrivez. Ce n'est pas la faute de vos enfants. Il est de votre faute de ne pas avoir essayé de les éduquer d’une autre façon. Une famille n'a pas besoin de quatre voitures, d’un vaste garage et d’un mécanicien et ainsi de suite. Qu'importe si l'un de vous  se rend  à destination un peu en retard ! Tous ces avantages engendrent des difficultés.» 

Un autre homme père de famille est venu une fois à ma Kalyve, (Καλύβι  = cabane, cellule de moine). Il avait une famille de cinq ans. Il m'a dit: « Père, nous avons une voiture et nous envisageons d'en acheter deux autres. Cela nous aiderait beaucoup. » J'ai dit: «  Avez-vous pensé aux  difficultés que cela va engendrer dans votre vie? Si vous n’avez qu’une voiture, vous pouvez facilement la garer quelque part, où allez-vous en mettre trois? Vous aurez besoin d'un garage et d'un réservoir supplémentaire de carburant. Et en plus, vous mettrez votre vie en danger. Il est préférable d'avoir une seule voiture et de limiter vos déplacements. Vous aurez le temps de voir vos enfants. Votre esprit sera en paix. Simplifier sa vie est la chose la plus importante. – Je n'avais jamais pensé à ça. » me répondit-il.


«Geronda (Γέροντα  = ancien), un homme nous a dit que deux fois, il n’a pas pu arrêter l’alarme de sa voiture. La première fois cela était dû à une mouche et la deuxième fois, il a essayé de monter dans la voiture du mauvais côté…»

La vie des gens  est une pure misère parce qu’ils ne simplifient pas les choses. La plupart des commodités que nous avons nous causent des ennuis. Ceux qui vivent dans le monde s’étouffent souvent de cette abondance. Ils ont rempli leur vie avec des gadgets  et des appareils, mais cela ne fait que la rendre plus difficile à apprécier. Si nous ne simplifions pas les choses, un confort donnera lieu à de nombreux ennuis et nous en deviendrons malheureux.
Quand nous étions petits, nous avions l’habitude de couper une bobine à une extrémité  et d’y introduire un taquet, et elle se transformait pour nous en un jeu sympathique et agréable. Les petits enfants tirent plus de plaisir à jouer avec une petite voiture que leur père ne peut jouir de sa nouvelle Mercedes. Si l'on demande à une petite fille: «Que veux-tu, une poupée ou un immeuble? », Vous verrez qu'elle va dire « Une poupée ! ». Mais à la fin, les petits enfants aussi apprennent à connaître la vanité du monde.

– Geronda, qu’est-ce qui aide le plus lorsque l'on cherche à saisir la joie de l'austérité?

– Ce qui nous y emmène c’est de parvenir à saisir le sens profond de la vie. « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice et toutes ces choses vous seront données par surcroît ». (Mt 6:33). La simplicité commence à partir de là, et il en est ainsi d'une approche appropriée de la vie.»

(Extrait de «Avec douleur et amour pour l'homme contemporain"* de P. Païsios version française à partir de l'anglais par Maxime le minime de la source)
*traduit et édité désormais en français (meilleur que celui de ma traduction) par le monastère Saint-Jean-le-théologien Souroti de Thessalonique.  et en vente aux monastères St Antoine, de la Transfiguration et de Solan)