Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

jeudi 10 mai 2012

Le péché dans l'Orthodoxie : ce qui est permis et ce qui est interdit ?

© L'Internaute Magazine / Mélanie Layec
"Le péché ne relève pas d'abord de l'éthique, encore moins de l'ordre juridique ou de la sphère d'existence sociale, mais de l'ontologie c'est-à-dire de l'être même de l'homme de sa réalité profonde, de la vérité et de l'authenticité de son être d'homme. Les catégories majeures ne sont pas le licite et l'illicite, ce qui est permis et ce qui est interdit, mais la vérité de l'existence humaine, la réalité existentielle de l'homme, de l'identité de son être d'homme. L'éthique orthodoxe comprend le péché comme le comportement dans lequel, alors qu'il est créé pour être divinisé, pour exister selon le mode d'existence du Dieu tri-personnel, l'homme expérimente l'échec des épousailles divines. 

A la différence de l'Occident, l'Orient chrétien n'a pas connu l'hypertrophie du sentiment de culpabilité, la maladie du scrupule, la hantise de la damnation, la peur de soi et de Dieu. Ce qui est en question, c'est de savoir si l'homme réussit ou au contraire renie et rate sa vérité et son authenticité existentielles. Un Orthodoxe pense assez spontanément que le contraire du péché n'est pas la vertu mais la foi et l'amour. On peut être très vertueux mais en ne possédant qu'une vertu sans amour. Il y a une manière d'être pur qui rend l'homme dur. Le péché est une altération de l'existence humaine, de l'être de l'homme en tant que convié à la déification. C'est une tragique aventure en laquelle est engagée l'intégrité de la vie de l'homme véritablement humain. Ce qui est constitutif de l'être même de Dieu, ce n'est pas la justice mais l'amour

On peut se demander si la déchristianisation de l'Occident ne doit pas être recherchée, non point uniquement mais au moins pour une part, dans un certain christianisme qui en était arrivé à dramatiser le péché et à hypertrophier le sentiment de culpabilité, la mauvaise conscience, au point d'accorder au pessimisme et à l'angoisse bien plus de place qu'au pardon."
Père André Borrély
(in  Supplément au n° 141 de la revue "Orthodoxes à Marseille")

lundi 23 avril 2012

"Nous devons être sur nos gardes" par Sainte Synclétique

«Nous devons être sur nos gardes, parce que nous avons une guerre continuelle à soutenir. Sans cette vigilance, l’ennemi nous surprendra lorsque nous y penserons le moins. Un vaisseau échappe quelquefois à une violente tempête ; mais si le pilote ne veille, même pendant le calme, une vague soulevée par un coup de vent imprévu, suffira pour le submerger. Pourvu que l’ennemi vienne à bout de détruire la maison, il se soucie peu des moyens qu’il met en œuvre. Pendant cette vie nous voguons sur une mer inconnue et semée d’écueils, où le calme et l’orage se succèdent continuellement. Toujours nous sommes en danger ; et si nous avons l’imprudence de nous endormir, notre perte est assurée. Jésus Christ Lui-même veut bien être le pilote de notre vaisseau, et Il nous conduitra au port du salut à moins que nous ne nous perdions par notre négligence. »

L'arrivée du Feu Sacré à Athènes



Évidemment, il n'y a que dans un pays orthodoxe – où n'existe pas de séparation entre  Église et  État – que l'on peut voir cela. Cela peut faire rêver... ou excéder certains.

lundi 16 avril 2012

Sur le blog St Materne : Mon peuple, pourquoi éteins-tu la Lumière de la Résurrection ?


"Des milliers de fidèles affluent vers les saintes églises à l'occasion de la célébration de la Résurrection, et attendent avec joie et jubilation de recevoir la sainte Lumière. La Création est illuminée par la Lumière du Ressuscité, Lumière sans déclin, et les anges célèbrent avec les hommes en chantant des hymnes triomphales à la lumineuse Résurrection du Seigneur - "Célébrons la mort de la mort, la destruction de l'Hadès, le début sans fin d'une nouvelle vie." Et alors que tous sont dans la joie (en tout cas la plupart), parmi les participants à la célébration de la Résurrection, comme par une sorte de magie, ils sont saisis par le démon, et ils détournent leur face du Ressuscité, et se précipitent pour quitter la fête à la fois céleste et terrestre, le grand rassemblement du Ciel et de la terre semble pressé de quitter le Seigneur, Qui est à ce moment-là sacrifié sur le terrible Autel et offert à consommer aux fidèles, qui semblent trouver plus important de s'en aller vers d'autres lieux pour jouir de plaisirs exclusivement terrestres et de tables garnies." Métropolite Chrysostome de Patras 
(source traduite de l'anglais par Jean-Mi sur son blog St Materne)

samedi 7 avril 2012

ΕΥΛΟΓΗΜΕΝΗ ΜΕΓΑΛΗ ΕΒΔΟΜΑΔΑ


 καί 
ΚΑΛΗ ΑΝΑΣΤΑΣΗ


SAINTE GRANDE SEMAINE 
et
BONNE RÉSURRECTION !


mercredi 4 avril 2012

La nécessité vitale de la paix intérieure

"Je vous laisse la paix ; c'est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et d'avoir peur." Jn 14:27

Aurélia Frey

Bien des chutes, bien des errements, bien des comportements addictifs, des enkystements de péchés devenant de plus en plus difficiles et douloureux à extirper, proviennent de l'angoisse du manque, de la peur de perdre, du manque d'estime de soi, et pour tout dire du manque de foi.
C'est souvent parce que la foi, c'est à dire la confiance en Dieu, est faible que l'âme tombe et retombe sans cesse dans le péché. 
L'âme se laisse prendre aux leurres du malin qui incite à penser que la satisfaction, le soulagement, le réconfort ou le plaisir obtenus en succombant à la tentation suffiront à effacer le malaise, combler le manque, libérer de l'obsession, détourner définitivement de l'angoisse, car tous ces "remèdes" ne sont que de courte durée, leur efficacité à revitaliser l'être en détresse est faible, peu durable et le remède comme il arrive souvent est bien pire que le mal. 
Ce pseudo remède au contraire, ne suffisant jamais à guérir le mal, mais exigeant des doses de plus en plus fortes et fréquentes, ne fait qu'enfoncer l'être dans la spirale de l'auto-destruction spirituelle, de l'éloignement de Dieu et de sa grâce jusqu'au découragement qui est la jubilation et le triomphe du malin. L'homme pécheur après s'être aperçu de sa faiblesse qu'il finit par voir comme congénitale non seulement n'augmente pas sa foi qui était déjà trop faible mais il achève son âme en désespérant de lui-même et de sa capacité à devenir meilleur. Il ne compte plus sur la grâce - pourtant vitale et indispensable - de Dieu et encore moins sur ses propres forces. Le malin n'a plus alors qu'à le cueillir et en faire son esclave jusqu'à la mort spirituelle et quelquefois physique...

Voilà pourquoi il est important d'acquérir cette paix dont nous parle le saint ascète de Sarov.
"Acquiers la paix intérieure, et des âmes par milliers trouveront le salut auprès de toi"
Voilà pourquoi tous les saints Pères enseignent aux moines l'hésychia
Voilà pourquoi l'Ancien Thaddée,  nous rappelle :

"Personne ici ne peut nous donner cette paix, seul Dieu est celui qui donne la paix à chaque créature, y compris à nous, si nous le recherchons et le souhaitons de tout cœur, si nous voulons nous unir à Lui. .... Nous sommes tellement empêtrés dans ce monde-ci  qu'il ne nous reste pas assez de temps pour nous interroger sur notre âme, notre paix intérieure que nos ne cessons de détruire." 
Voilà pourquoi l'Hymne des Chérubims nous invite à laisser "tout souci du monde".
Voilà pourquoi Notre Seigneur ne nous a pas dit autre chose que
"Que votre cœur cesse de se troubler et d'avoir peur !"

.......Seigneur Jésus Christ,........................................................accorde-moi ta paix !

mardi 27 mars 2012

Notre vie maintenant et dans l'au-delà : un perpétuel devenir

"Tous autant que nous sommes, vivant en-deçà de la mort et ceux vivant dans l'au-delà de cette mort, nous sommes tous engagés dans une progression, une ascension, une dilatation pour acquérir en nous et contenir dans notre finitude de créatures l'infini de lumière incréée et de feu divin qu'est le Dieu tri-unique. Et si on adopte cette perspective foncièrement étrangère à tout légalisme, telle qu'elle est si admirablement formulée par saint Isaac le Syrien, on ne peut imaginer que, même par-delà le Jugement dernier, être face à face avec Dieu puisse signifier, pour l'homme être immobilisé, ne plus progresser. Comment la finitude humaine pourrait-elle s'arrêter de progresser dans sa connaissance/pénétration de l'Infini, du tout Autre ? Même dans l'au-delà de la mort, et même en l'au-delà du Jugement dernier, ne saurait cesser d'être pour tout être humain, y compris pour la Mère de Dieu, ne saurait cesser d'être, nous dit l'anaphore de la liturgie de saint Jean Chrysostome, ineffable, inconcevable, invisible, incompréhensible." 
Père André Borrély
in Mon Royaume n'est pas de ce monde
Orthodoxes à Marseille n°140 Janv-fév.2012