Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

mercredi 6 avril 2011

La vie orthodoxe... dans un pays orthodoxe !

C'est ça aussi la vie orthodoxe.
Ça, c'était un (bon) début de Carême...à Kalymnos !



jeudi 24 mars 2011

"Nous avons besoin de faire un pas et Dieu alors en fera dix" par Père Moïse de l'Athos

L'Ancien Porphyrios - Témoignage et expériences
Conversations avec des amis grecs et chypriotes 


P. Moïse de la Skite
St Panteleimon
de l'Athos
K.I. : Père Moïse, comme on peut le constater à la lecture de vos livres, la question de la souffrance est un sujet qui vous préoccupe beaucoup, un sujet important pour vous sur lequel vous vous êtes sérieusement penché ?
L’Ancien Porphyrios, que vous avez connu, était un homme qui a beaucoup souffert et beaucoup aimé.

Père Moïse: Je vous remercie de m'avoir donné cette occasion de parler d'un Ancien, en vérité, à propos de la souffrance et de l'amour. Je vous remercie également de présenter les choses de cette manière, parce que nous parlons parfois de certains événements merveilleux dans la vie d'une figure vertueuse et nous sommes impressionnés ou bien nous sommes remplis d'enthousiasme, voire d'extase. Nous oublions que, pour y arriver, ils ont eu une longue lutte d’ascèse, humble, et déterminée.

Cet ascétisme n'est certainement pas un but en soi mais c'est un moyen de parvenir à la fin, qui est la sainteté, la theosis, la participation de l'homme, par la grâce, en Dieu. Ainsi cette pauvre petite personne peut devenir comme le fer qui tombe dans le feu et devient lui-même le feu.

Comme les textes patristiques nous le disent, vous devez donner du sang pour recevoir l'esprit. La vie spirituelle n'est pas une conversation de salon, une conversation philosophique sur Dieu sans avoir ressenti Dieu. Pour que nous puissions devenir libre et parvenir à la bénédiction de Dieu comme ses enfants dans la grâce et la joie de ses bien-aimés, une lutte longue et déterminée d'obéissance dans l'Eglise est nécessaire.

Père Porphyrios était vraiment un homme de vertu. C’est avec beaucoup de modestie et parcimonie, que nous devons parler des événements qui ornent sa vie, sans exagération, sans falsification, mais plutôt avec un sens des responsabilités et de la sobriété, en citant ces choses que nous connaissons bien.

Nous devons d'abord réaliser que les saints vivent dans notre siècle, que les saints sont à côté de nous, que la sainteté est possible et qu’elle est réalisée après une discrète et humble lutte ascétique.

Père Porphyrios a atteint un niveau élevé de vertu. Il y est parvenu, car il a maintenu une grande pureté dans sa vie. Il y est parvenu, car il était très humble. Il y est parvenu, car il était très obéissant. Il a vécu avec des Anciens exigeants à Kavsokalyvia sur la Sainte Montagne jusqu'à ce qu’une grave maladie le sépare de sa chère Sainte Montagne et l'amène auprès du monde, pour devenir un guérisseur de personnes, non seulement de leur maladie spirituelle et leur péché (car il était un bon père spirituel), mais aussi de leurs maux corporels.

Il avait beaucoup d'amour qui découlait avant tout de son amour envers Dieu. L'amour chrétien a toujours deux natures: vous ne pouvez pas aimer l'homme, si vous n'avez pas l'amour de Dieu et vous ne pouvez pas aimer Dieu sans aimer l'homme.

Ainsi, l’Ancien Porphyrios, surtout vers la fin de sa vie, s'est entièrement consacré aux personnes. Ils venaient à lui par dizaines et par centaines pour être consolés par ses conseils et par son don de clairvoyance que Dieu donne à ceux qui sont purs et qui en sont dignes. Il s'agit d'un don de Dieu, qu’Il donne aux humbles et à ceux qui savent le conserver ainsi. Dieu ne veut pas accorder ce don à ceux qui n’en sont pas dignes, car alors il deviendrait une arme meurtrière.

L’Ancien nous montre de la façon la plus claire et indubitable que la sainteté existe dans notre siècle. Si le monde manque de saints, alors le monde manque de sens. Les saints soutiennent le monde et le plus important besoin du monde est la sainteté. Nous sommes soutenus par la sainteté, nous sommes soutenus par les saints. Voyez-vous quel pouvoir et quelle richesse une personne sainte comme l’Ancien Porphyrios constitue pour l'Eglise et pour le monde?
Je vais dire quelque chose sur mes rencontres avec l’Ancien Porphyrios.

KI : Nous allons écouter ce que vous avez à nous dire sur l’Ancien Porphyrios avec grand plaisir. Je suis vraiment ému, Père Moïse, par ce que vous nous avez dit de l’Ancien Porphyrios.

Père Moïse : Mes rencontres avec l’Ancien Porphyrios m'ont laissé ces choses que je viens de mentionner.

Une fois, quand j'étais malade, je suis allé lui rendre visite pour recevoir sa bénédiction. Il m'a dit exactement ce dont je souffrais, alors que les médecins, pendant de nombreuses années, avaient eu beaucoup de difficulté à faire un diagnostic précis. Lorsque, après être revenu de consulter à nouveau des médecins je suis retourné rendre visite à l’Ancien Porphyrios Elder, il m’a dit : «Ce don, mon enfant, ne m’appartient pas, il vient de Dieu. Je dis ce que Dieu me dit, et pas ce que disent mon esprit, mon imagination, mon avis, ou mes autres capacités. »

Ensuite, il a parlé de l'incident suivant : « Il ya quelque temps un professeur d'université qui est venu me rendre visite et il s'est plaint d'un problème qu'il avait. Je lui ai dit, Professeur, ces problèmes proviennent du ventre de votre mère. » Le professeur s’est mis à pleurer. Je lui ai dit : « Vous, un professeur d'université, vous pleurez ? »
«Vous avez raison, Père, m’a-t-il répondu mais vos paroles résonnent très profondément en moi. Ma mère m'a dit que quand j'étais dans son ventre, mon père lui a lancé un coup de pied de sorte qu’elle fasse une fausse couche. » Puis l’Ancien Porphyrios a ajouté: « Étais-je, mon enfant, dans l'utérus de la mère de ce professeur ? Dieu éclaire-moi pour dire ce que je dis. »

Il y a tellement de choses à dire sur l’Ancien Porphyrios que nous pourrions parler pendant des heures.

Je voudrais insister sur l’humilité de Père Porphyrios. Son humilité était si grande que quand il a prévu sa fin, il s'est retiré du monde, afin qu'il ne soit pas honoré à à sa mort, en retournant à l'endroit où il a commencé sa lutte spirituelle à la skite de Kavsokalyvia. C'est une preuve de plus de la richesse de son cœur, qui a attiré la grâce de Dieu et lui a donné de riches bénédictions.
La grâce de Dieu est nécessaire, mais notre lutte personnelle est également nécessaire. Nous avons besoin de faire un pas et Dieu alors en fera dix. Nous avons besoin de travailler, mais pas de croire en nos propres bonnes œuvres, car comme Saint Marc l'Ascète le dit aussi : l'homme n'est pas justifié par ses œuvres.

La coopération est nécessaire; la coopération avec Dieu. Nous devons faire connaître notre volonté, et Dieu se donnera totalement à nous. Il nous donnera tout, si nous le suivons avec bonté et fidélité.

KI: « C'est pourquoi, comme nous en avons l'occasion, faisons du bien à tous, en particulier à ceux qui sont de la maison de la foi. »

(version française par Mamime le minime du site http://www.oodegr.com/english/biblia/Porfyrios_Martyries_Empeiries/B6.htm)

vendredi 11 mars 2011

Transformer les activités quotidiennes de la vie en leçons spirituelles


Nous avons souvent le sentiment que notre vie quotidienne nous détourne de penser à Dieu. C'est une tournure de notre esprit que nous devons apprendre à changer. Notre esprit ne retient des éléments de ce qui nous environne et ne les interprète que selon qu’ils participent à notre bien-être de façon automatique. C’est ainsi en vérité que tout ce que nous percevons est par essence dénué de toute signification spirituelle. Changer cela afin que toute chose soit pour nous un accroissement de notre conscience de Dieu, requiert de notre part un effort d’élévation de notre conscience de sorte que nous cherchions toujours une signification spirituelle à ce que nous percevons par nos sens.

Voici quelques conseils de Saint Théophane le Reclus.



"Il vous est nécessaire de réinterpréter tout ce qui s’offre à vos yeux dans un sens spirituel. Cette réinterprétation doit remplir votre esprit à un point tel que lorsque vous regardez quelque chose, vos yeux voient quelque chose de sensuel, mais votre esprit perçoive une vérité spirituelle. Par exemple, vous voyez une tache sur une jupe blanche et trouvez cela déplaisant, comme quelque chose de honteux qui s’est produit. Réinterprétez cela en envisageant combien cela doit paraître regrettable et désagréable au regard du Seigneur, des anges et des saints de voir la tache du péché sur nos âmes, pures à leur création selon l'image divine, renouvelées dans les fonts baptismaux, et purifiées dans les larmes de la repentance. Voyez comment les petits enfants, lorsqu'ils sont laissés à eux-mêmes, courent en faisant du bruit et créent de l’ agitation. Réinterprétez cela en percevant comment nos âmes font du bruit et du tapage lorsque leur attention se détourne de Dieu et de la crainte de Dieu."

Nous pouvons voir que presque n’importe quel évènement peut être considéré comme une leçon pour notre bénéfice spirituel. Vous pouvez commencer à examiner toutes les choses autour de vous et en chercher une interprétation spirituelle qui maintienne en face de vous le souvenir de Dieu tout le temps. Examinez votre environnement et commencez à leur donner une signification spirituelle. 



Saint Théophane dit :
"Lorsque vous ferez cela, chaque chose sera pour vous comme un livre saint ou un article dans un livre saint. Chaque chose vous mènera à une pensée de Dieu, ... Tout vous parlera de Dieu et gardera votre attention sur lui."

mardi 8 mars 2011

Contrôle, maîtrise, dépendance, ou abandon, confiance et obéissance...


Jusqu'à un certain âge - qui varie selon les personnes - nous avons le sentiment qu'il nous faut avoir la maîtrise de notre vie, que nous faisons des choix déterminants pour notre avenir, qu'il ne nous faut compter que sur nous-mêmes, que nous devons aller de l'avant, qu'il nous faut construire les choses de nos propres mains et que nous pouvons être fiers de ce que nous réalisons personnellement.
Nous voulons décider, conserver le contrôle de ce qui peut nous arriver. Nous voulons faire ce que nous avons envie de faire quand nous le désirons, quand cela nous prend, et nous avons la ferme conviction que nous avons légitimement le droit de faire ce que nous avons décidé, au moment choisi par nous, où nous le voulons, avec qui nous le voulons...
Et nous avons cette fierté, c'est comme ça qu'on traduit le mot anglais pride si prisé de nos jours, qu'on peut aussi traduire par orgueil... Nous avons ce sentiment d'auto-suffisance qui nous remplit de ce que l'on appelle la réalisation de soi.

Cependant il arrive que certains obstacles soient plus durs à franchir que d'autres, ou soient parfois carrément infranchissables, voire reviennent comme par ironie devant nous, comme pour nous narguer, alors qu'on les croyait disparus. Ces obstacles qui  réduisent et limitent l'expansion que l'on voulait irrésistible de notre moi, peuvent être de tous ordres : matériels, techniques, financiers, physiques, physiologiques, sanitaires, accidentels, émotionnels, psychiques, familiaux, sociologiques, historiques, météorologiques... que sais-je ? Il y en a tellement !

Alors que fait-on ? Eh bien, selon les personnes - encore une fois - on se met en colère en croyant en nos forces, en nos ressources et nos compétences et on fait front, on se bat par tous les moyens, on s'arc-boute, on se défend, on lutte... ou bien on se met en colère mais différemment, plutôt dans le ressentiment, en rejetant la faute sur les autres, alors on s'indigne, on se révolte, on manifeste... ou bien on est tout à coup sans force, abattu, découragé voire désespéré, voire suicidaire, ou tout simplement on se résigne dans l'amertume...
Dans tous ces cas, on conserve la conviction que l'on peut, pourrait ou aurait pu contrôler notre vie et obtenir ce qui nous était dû, de par notre mérite ou de par notre droit le plus légitime et par une certaine idée de ce que doit ou devrait être la justice. 

Et bien souvent si l'on ne parvient pas à obtenir ce que nous désirions, alors nous faisons appel... aux autres ! Mais cela ne nous pose pas de problèmes, nous ne vivons pas cela comme une contradiction. Nous avons revendiqué jusque là notre capacité à contrôler notre vie et notre droit à obtenir, tout seuls, ce que nous voulions selon notre bon plaisir, sans nous préoccuper des autres, comme des grands ! Et nous continuons de le faire, même dans la difficulté et l'empêchement, et nous revendiquons, en même temps, sans état d'âme, le devoir des autres à s'occuper de nous, si nous sommes en panne...

Ainsi en est-il de tous ceux qui, à notre merveilleuse époque de progrès irrésistible, veulent prendre des risques dans la sécurité de l'assistance des autres, revendiquée politiquement, moralement et juridiquement comme incontournable. Ainsi en est-il de tous ceux qui jouent avec leur santé en s'adonnant à toutes sortes d'excès, ou en dépassant les bornes imposées par la nature, des sportifs qui veulent avoir les frissons de la proximité de la mort sans mourir aux femmes âgées qui veulent enfanter en s'apercevant brutalement qu'elles ont raté quelque chose d'important de leur vie sans avoir voulu au moment opportun sacrifier leur carrière ou leur collection d'amants ou leur physique avantageux, ou leurs convictions féministes... ainsi en est-il de tous ceux qui veulent s'enivrer sans retenue avec toutes sortes de substances et plongent dans l'enfer de la dépendance, ainsi en est-il de tous ceux qui veulent jouir sans entraves et sans précautions de tous les corps désirables, selon leur légitime préférence sexuelle, rencontrés sur leur passage. Ainsi en est-il de ceux qui veulent un corps parfait et toujours jeune, conforme en tous points aux canons de l'esthétique contemporaine et qui s'empoisonnent avec des médicaments incertains ou finissent par être défigurés ou handicapés par des techniques chirurgicales non encore éprouvées ou effectuées avec du matériel dont la fiabilité sanitaire n'a pas encore été  vérifiée. Ainsi en est-il même - on l'a vu tout récemment à grosse échelle - de ceux qui veulent prendre des risques financiers avec l'argent des autres tout en étant sécurisés par l'argent... des autres !

Alors se posent les véritables questions  : 
  • Qui contrôle quoi ? 
  • Qui contrôle vraiment quoi ? 
  • Qui est libre de quoi ?
  • Qui est responsable de quoi ?
  • Qui peut prétendre se passer des autres ?
  • Qui peut prétendre faire fi des autres ?
  • Qui peut être fier de quoi ?
  • Qui est dépendant de qui ?
  • Qui peut se passer du regard de qui ?
  • etc.

Une autre posture est celle de celui qui attend patiemment que les choses se passent toutes seules, dans un sentiment magique que tout arrivera comme par magie au moment voulu... C'est une des postures de la sagesse contemporaine... "ça va arriver, calmez-vous, soyez zen, ce que vous voulez va arriver, faites des visualisations, de la méditation, répétez des mantras spéciaux - sans oublier les stages, les accessoires, etc. et vous allez voir  : ce que vous voulez va arriver, vous retrouverez la santé, vous retrouverez l'amour, la prospérité, la jeunesse, la beauté..." 

Et puis il y a la posture de celui qui ne sait rien, ou qui sait que cette prétention au contrôle total, ou cette fuite de la réalité, sont vains, celui qui s'abandonne à la Volonté divine, à laquelle il ne comprend d'ailleurs rien, et dont il sait à peine comment elle peut s'exprimer, par quels moyens, à quel moment, par qui. 
Ce dernier s'occupe surtout de cultiver son jardin, c'est à dire d'abord de veiller aux besoins matériels et spirituels de sa famille, dans la mesure de ses moyens et compétences et puis de travailler sur soi, dans la mesure où il le peut, selon les talents qui lui ont été attribués dans sa vie depuis sa naissance et sa renaissance par le baptême, dans la conviction sans faille que ses propres efforts, même dans ce domaine spirituel seront vains sans la grâce de Dieu qu'il n'est même pas sûr d'obtenir. 

St Dismas le vrai confesseur
de ses péchés et de la divinité
du Christ
La véritable maîtrise de soi et de sa vie est dans la posture miraculeuse du Bon Larron, celui à qui Le Seigneur a assuré qu'il serait à l'instant même de sa mort dans son Royaume. Cloué dans l'impuissance totale à changer quoi que ce soit de sa vie, que ce soit de son passé de criminel, ou de son présent, cloué douloureusement sur le bois de la croix, ou de son avenir mortel proche, il tourne le regard vers Celui qui seul sauve, qui est "le Chemin, la Vérité et la Vie" - n'en déplaise aux bons esprits tolérants et bien pensants relativistes - après avoir reconnu ses fautes, après avoir confessé l'innocence de l'Agneau immolé en même temps paradoxalement que sa Toute Puissante Souveraineté, il s'abandonne à son Seigneur, dans la confiance et l'obéissance, avec cette prière :

Souviens-Toi de moi, Seigneur dans ton Royaume !
Μνήσθητί μου, Κύριε, ὅταν ἔλθῃς ἐν τῇ βασιλείᾳ Σου!
Помяни мя, Господи, во Царствии Твоем !

Celui qui a cette posture récite tous les matins en se levant cette courte prière extraite du Notre Père :
Que Ta Volonté soit faite !

et encore celle-ci extraite de la Grande Doxologie et judicieusement traduite par Geronda Placide :

Tu es béni Seigneur enseigne-moi ta Volonté
Tu es béni Maître, fais-moi comprendre Ta Volonté
Tu es béni Saint illumine-moi par Ta Volonté

dimanche 27 février 2011

Ascèse, grâce et illumination


"Il y a des dispositions intérieures, fruits d’une ferme décision secrète accompagnée d’une prière instante qui sont plus efficaces à recevoir la grâce pour agir et se comporter selon la volonté divine que de dures et sévères ascèses. Ainsi reconnaît-on l’arbre à ses fruits." 
(extrait de feuillets attribués à St Romain de Condat)

Ainsi, de nos jours, certains s'infligent-ils pendant des années, comme les pratiquants du zazen, une posture physique rigoureuse et douloureuse dans l'espoir – peu conforme pourtant à l'orthodoxie du zen qui préconise de pratiquer gratuitement, mushotoku – d'obtenir le satori, l'illumination comme le bouddha sous son arbre. Cette ascèse, bien qu'elle ne soit pas sans creuser peu à peu leur cœur de pierre, le sculptant ainsi comme la goutte d'eau finit par creuser la roche sur laquelle elle tombe régulièrement, ne suffit pas pour autant à leur procurer cette illumination tant souhaitée. Ils ont l'illusion spirituelle d'abord que leurs efforts seuls leur permettront de parvenir au satori et ensuite ils forment dans leur esprit une image de cet état d’illumination comme celle d'un évènement extraordinaire leur assurant de surcroît un état de sérénité fiable et pérenne, voire définitif. Malheureusement il n'en est pas ainsi...



Notre icône de St Jean de l'Echelle montre bien de grands ascètes en grand habit, tout près d'atteindre la main tendue de Notre Seigneur, qui chutent parmi les noirs démons avant de parvenir au but... 
Certes on ne saurait éviter l'ascèse mais, même si elle est au-dessus de la simple morale, elle n'est peut-être seulement qu'une rampe de l'échelle qui mène au Royaume des Cieux, elle ne nous protège pas de toutes les chutes et particulièrement de la plus grave, celle causée par l'orgueil. 

Car il est probable que la grâce agit plutôt dans la douce douleur de l'abandon que dans la tension de l'effort.

vendredi 4 février 2011

La chair et l'esprit - Comment vaincre celui que la nature me porte à aimer ?

« Comment vaincre celui que la nature me porte à aimer ? Comment me libérer de celui auquel je suis lié pour l’éternité ? Comment anéantir ce qui doit ressusciter avec moi ? Comment rendre incorruptible ce qui a reçu une nature mortelle ? Comment opposer de bons arguments à celui qui tient les siens de la nature ? Car il est à la fois un allié et un ennemi, un aide et un rival, un défenseur et un traître. Si je le ménage, il me fait la guerre. Si je l’épuise, il devient sans force. Quand je le laisse tranquille, il se conduit mal. Si au contraire je le tourmente, il ne peut le supporter. Si je le contriste, je suis en danger. Si je lui porte un coup décisif, je n’ai plus de quoi acquérir les vertus. Tout ensemble, je l’embrasse et je me détourne de lui. Quel est donc ce mystère en moi ? Que signifie ce mélange ? Pourquoi suis-je ainsi ami et ennemi de moi-même ? »


St Jean Climaque in  L’échelle sainte 15,88 ; SO 24, p. 175-176.



       "Combattant les gnostiques qui dénigraient le corps, Irénée de Lyon affirmait clairement au 2e siècle : « La preuve est faite que c’est bien la chair qui subit la mort : une fois l’âme sortie, la chair devient sans souffle et sans vie et se dissout peu à peu dans la terre d’où elle a été tirée. C’est donc bien elle qui est mortelle ». Cependant, se référant à l’Apôtre Paul, il ajoute une précision : « C’est également d’elle que l’Apôtre dit : ‘Il vivifiera aussi vos corps mortels’ (Rm 8, 11). C’est pourquoi il dit à son sujet dans la première aux Corinthiens : ‘Ainsi en va-t-il pour la résurrection des morts : semée dans la corruption, la chair ressuscitera dans l’incorruptibilité’ (1 Co 15, 42) » (Irénée de Lyon, Contre les hérésies V,7,1.)
Comment comprendre alors le mépris du charnel et la louange du spirituel que semblent véhiculer certains textes de la tradition chrétienne ? "
C'est ce qu'expose avec clarté l'Archimandrite Job Getcha  dans une conférence  intitulée  « La chair et l’esprit - Antagonisme paulinien, héritage patristique"

vendredi 21 janvier 2011

Action (praxis) et contemplation (theoria) par St Maxime Le Confesseur

"Quiconque est épris du salut s'applique absolument ou bien à l'action* ou bien à la contemplation**. Car sans la vertu et sans la connaissance nul n'a jamais pu en aucune manière découvrir le salut. Pour ce qui est de la vertu elle assigne sa place au mouvement du corps, en arrêtant sciemment par la pensée droite comme avec un frein, l'impulsion qui porte à l'extravagance. Quant à la conemplation, elle décide de choisir sagement ce qui a été bien pensé et bien jugé."
(St Maxime Le Confesseur - 7ème Centurie, 62)

*action  = non l'action dans le monde mais l'action sur soi, singulièrement l'ascèse corporelle et la prière liturgique. L'action prépare et permet la contemplation.
** contemplation = theoria = la sensation spirituelle de Dieu, au coeur et au-delà de la prière. L'aboutissement et la transfiguration de la praxis.

lundi 10 janvier 2011

Quand une activité est-elle appropriée pour une vie spirituelle ?


Saint Théophane le Reclus a traité cette question dans une correspondance qu’il a eue avec une jeune femme qui voulait vivre une vie spirituelle, mais qui se sentait gênée par la précipitation et la distraction de la vie. Elle voyait le monde comme un endroit où «tout le monde se précipite en tout sens comme dans un accès de colère, à la poursuite de quelque chose que personne ne parvient jamais à attraper.» Voilà ce qu’elle relate : «Je ne pouvais pas voir quoi que ce soit qui puisse provenir de l'âme. Il y a des caresses vides, une disposition à faire des choses pour l'autre, et aussi une admiration mutuelle. Tout est superficiel ... Sous l'apparence se cache un tout autre esprit .... quelle comédie. ... Ils se lient, se contraignent et se tyrannisent les uns les autres ; personne n'a sa propre volonté ou une quelconque liberté ».

Saint Théophane a confirmé de telles observations sur la nature de cette vie et lui a répondu en citant saint Macaire le Grand.
"Les enfants de cet âge sont devenus tels le blé versé sur le tamis de cette terre, et puis dispersés parmi les rêves inconstants de ce monde, au milieu d’agitations sans fin liées aux soucis terrestres, aux désirs et au labyrinthe des concepts matériels. Satan secoue les âmes, et avec un tamis, c’est à dire les soucis du monde, il disperse l’entière race humaine pécheresse."
Saint Macaire utilise l’image agricole d'un tamis, où le grain est jeté afin de nous montrer comment nos soucis terrestres, nos rêves et nos désirs font la même chose pour nous, ils nous lancent au hasard alentour. Nous sommes projetés par nos désirs physiques et nos pensées dispersées, tout comme les grains de blé sont ballottés dans un tamis. Nous nous trouvons constamment en mouvement, toujours impliqué dans une tourmente incertaine. Tout cet affairement dont nous faisons l'expérience est une quête sans fin pour satisfaire les désirs terrestres qui ne peuvent jamais être pleinement satisfaits. Sous-jacent à tout cela est notre orgueil. 

Saint Théophane dit également :
"Peu importe comment on dissimule ses désirs, derrière eux se trouve l'égoïsme, qui veut vous entortiller pour ses besoins, ou vous utiliser comme moyen. L'objectif est une fourberie ... tout le monde s'enferme dans sa propre coquille, incapable de produire la moindre chaleur. "
Telle est la nature de la vie sur terre. Elle ne cesse de nous lance des défis, en nous entraînant dans le prochain drame de la vie. Nous nous sentons souvent comme une graine solitaire, sans vrais amis ou relations pour nous consoler. Parfois on trouve un confort terrestre, mais bientôt il se transforme en une déception. Si ce n'est pas dans nos relations, nous la trouvons dans notre bien-être physique avec la maladie ou un accident. Qu'est-ce que ce que tout cela, s'écrie-t-on ! Que devons-nous faire ?

Saint Théophane dit encore :
« il vous est, bien sûr, impossible de fuir tout le monde mais refusez autant que possible d'entrer dans ce cercle de la vie mondaine. Quand il vous tire contre votre volonté, agissez comme si vous n'étiez pas là, regardez, mais ne prêtez pas attention, écoutez mais restez sourd .... Extérieurement, comportez comme tout le monde, soyez simple et sincère, mais protégez-vous des sympathies et des attractions. »

Nous pouvons évaluer nos activités en reconnaissant que nous sommes constitués de plusieurs aspects et que tous ceux-ci doivent être en mouvement en même temps. Nous avons tous les besoins corporels qui doivent être satisfaits ; il y a aussi les actions de l'âme avec son intelligence qui analyse en permanence, notre volonté qui veut choisir librement, et notre cœur qui cherche l'harmonie, et nous avons l'esprit avec son désir de ce qui est bon et beau.

Tout cela doit être en synergie pour vivre ensemble comme prévu, Saint Théophane dit à ce propos :
"Ce n'est que lorsque l'ensemble de nos énergies sont en mouvement et que tous nos besoins sont satisfaits qu'un homme vit. Mais quand seule une petite partie de ses énergies est en mouvement, et que seul un petit nombre de ses besoins sont satisfaits, cette vie n'est pas la vie. Tout fonctionne ensemble comme un tout. "

Tous les aspects de votre être doivent être pris en considération dans les activités mondaines. Examinez vos activités et évaluez comment le corps, l’âme et l’esprit y sont engagés. Est-ce que l'activité assure que vos besoins physiques sont pris en considération de manière appropriée, sans excès, mais seulement à un degré nécessaire à votre bien-être. Est-ce votre que votre intelligence s’est concentrée, est demeurée claire, contrôlant vos pensées pour qu’elles soient raisonnées et cherchent à obtenir le plus haut niveau de compréhension. Est-ce que votre volonté est engagée dans des autolimitations vis-à-vis des désirs excessifs, et votre cœur se trouve-t-il dans un sentiment de calme et d'harmonie ? Enfin, est-ce que votre esprit est mobilisé et vigilant par rapport à tout de que vous faites de sorte que dans l'activité vous demeurez orientés vers ce qui est bon aux yeux de Dieu ? Si quelque aspect de votre être est en porte à faux, alors vous pouvez dire de cette activité qu’elle n'est pas bonne pour vous spirituellement.

(Citations de La vie spirituelle, Lettre 4, 39-42, Saint Théophane le Reclus)

dimanche 19 décembre 2010

Ce que vous lisez a un impact sur votre façon de penser...


Ce que vous lisez a un impact sur votre façon de penser. Il en est ainsi avec ce que vous regardez à la télévision ou au cinéma. Pensez à ce que vous voulez laisser dans votre esprit qui influencera votre façon de penser. Vos lectures doivent vous laisser quelque chose qui aura un impact positif sur votre croissance spirituelle, qui façonnera votre esprit et l'orientera vers Dieu.


Afin de prédisposer au mieux votre esprit de façon positive, vous devez prévoir de prendre le temps de lire régulièrement les Saintes Écritures, les écrits des Saints Pères et la vie des Saints. Vous devez organiser votre vie afin que vous puissiez passer au moins une demi-heure par jour pour cette occupation, peut-être au lieu de l'un des programmes de télévision que vous regardez habituellement. Un bon moment pour cela c’est le soir, juste avant le coucher, avant ou après votre prière du soir. Cela vous permettra de vous endormir avec de douces pensées..


La vie spirituelle est un défi. C'est comme l’ascension d'une pente raide ou du flanc d’une montagne. C'est un chemin long et lent, mais avec des moments de joie tout au long du chemin. Au fur et à mesure de votre avancée vous allez accumuler des forces. Vous pourrez commencer à regarder en arrière et apprécier la distance parcourue tout en étant conscient du chemin qu’il vous reste à faire. Comme vous accroissez vos forces, vous serez en mesure de vous confronter à un terrain de plus en plus difficile aussi bien que de faire face à l'incertitude des tempêtes que vous ne pouvez pas prévoir. C’est souvent un chemin solitaire, et parfois il vous semblera que vous n’atteindrez jamais le sommet.

Quand vous aurez affaire à ces difficultés, les lectures, en particulier la vie des Saints, pourront vous inspirer du courage pour continuer votre chemin. Vous pourrez voir que d'autres ont parcouru ce chemin avant vous, et que grâce à leur persévérance et leur foi, ils ont atteint des sommets beaucoup plus élevés que vous n’êtes capables de voir à l’heure actuelle. Quand vous allez vous tourner vers ceux qui ont eu une relation intime avec Dieu, ils vont vous redonner de l'espoir et faire naître une étincelle de chaleur dans votre cœur. Ils vous aideront à garder la tête haute et les yeux fixés sur le sommet qui vient. Ils vont vous montrer que votre capacité de choisir, de changer, et de supporter, est bien réelle. Ils vous montreront le chemin de la sagesse et de l'amour et la capacité en germe d'irradier vous-même la gloire spirituelle provenant de votre découverte de la lumière incréée de Dieu et vous vous retrouverez dans une union glorieuse avec Lui.

La Bible contient des livres les plus importants à lire régulièrement. Voici quelques suggestions sur la façon de lire la Bible:
Lire la Bible avec obéissance. Rappelez-vous qu'elle est inspirée par Dieu. C'est le Christ lui-même qui vous parle. Cela signifie que vous devez conserver un sentiment d'émerveillement à son écoute, sans jugement. Ne tenez pas cet émerveillement pour acquis. En effet à cause de ce que vous savez déjà ou de ce qui a été vulgarisé de la Bible, vous pouvez considérer ce qui est écrit dans la Bible comme un texte comme les autres et perdre votre sentiment de crainte révérencielle et d’émerveillement en la lisant. La lecture de la Bible ne peut se faire comme la lecture d'un roman ou celle d’un quotidien. Tout comme pour la prière, vous avez besoin de préparer votre esprit à la nature du texte que vous vous apprêtez à lire. C'est la Parole de Dieu. Avec un esprit ouvert d’émerveillement, vous pouvez rendre votre écoute réceptive à ce qui est dit. C’est la signification spirituelle de ce qui est écrit que vous devez rechercher. Rappelez-vous ceci : la Bible n'est pas un manuel d’histoire, mais un document spirituel. Soyez à l’écoute des mots que vous lisez, vous vous rendrez compte de la tâche colossale que Dieu a avec vous et de son Amour sans bornes pour l'humanité tout entière.
Lorsque vous lisez la Bible, ne faites pas le projet de vous faire vous-même votre propre interprétation. L’Écriture doit être interprétée par l'Église. Rappelez-vous l'histoire de Philippe rencontrant l’Éthiopien lisant la Bible dans son char (Ac 8,26) ? Philippe lui demande: «Comprends-tu ce que tu lis ?» et l'Éthiopien répond : «Comment le pourrai-je si personne ne me guide». C'est cette même attitude que vous devriez avoir. L’Écriture n'est pas toujours évidente. Selon les différentes étapes de votre croissance spirituelle, des passages prendront une signification différente. Plus vous grandirez spirituellement, plus la Bible aura à vous apprendre. Vous devriez profiter des commentaires bibliques des Pères de l'Église pour vous aider. Lorsque vous lirez la Bible votre propre compréhension sera pleinement éclairée par l'Esprit Saint en prenant connaissance des commentaires des Pères de l'Église. Et si finalement vous avez encore des questions ou des opinions, soumettez-les à l'Église pour obtenir des éclaircissements.

Votre lecture de la Bible doit toujours être centrée sur le Christ. Votre interprétation doit être faite à la lumière de l'harmonie et de la plénitude que Jésus a apportées à ce monde. Adopter une approche analytique et détacher chaque livre ou chapitre du tout serait une erreur. Pour nous Orthodoxes, la Bible doit être comprise comme un tout, avec le Christ au centre reliant et unifiant tout.

St Marc l'ascète
Vous devriez également lire la Bible en vous l’appliquant à vous-même. Saint Marc le moine (5ème -6ème siècle) dit: «Celui qui est humble dans ses pensées et engagé dans le travail spirituel, quand il lit les Saintes Écritures, s'applique tout à lui-même et non à son voisin. » 
Ne pas demander : «Qu'est-ce ce que cela signifie ?» Mais, plutôt demander : «Qu'est-ce que cela signifie pour moi ? » En lisant la Bible, il y a lieu d'abord d’avoir à l’esprit que l'Écriture est l’histoire sainte du monde de l’instant de la création jusqu’à la formation de l'Eglise primitive. Il faut ensuite considérer comment cette histoire s’applique à nous-mêmes, à nos rencontres avec Dieu intervenant à des moments et des lieux qui nous sont propres et entrer en dialogue avec ces personnes qui appartiennent à notre propre histoire spirituelle particulière. Vous devez vous approprier ces lieux et ces périodes éloignés et les transposer à votre propre vie en en saisissant les correspondances avec vous.

samedi 27 novembre 2010

CONSEILS AUX DÉBUTANTS POUR LA PRIÈRE DE JÉSUS par P. Christophoros Klitou

"Quand nous sommes débutants, nous devons faire face à des difficultés et faire des erreurs. Nous allons prier d'une manière imparfaite. Donc, ayant cela à l'esprit, il ne faut pas perdre espoir ni courage si l’on ne parvient pas à se concentrer, ni perdre tout intérêt à prendre l'habitude de la prière, mais il faut seulement rediriger son esprit vers la prière. Il y faut beaucoup de travail, de l’acharnement et de la persévérance comme le demande l’acquisition d’une maîtrise de n’importe quelle compétence. N'essayez pas de faire plus d'un "komboskini" (100 prières de Jésus) jusqu'à ce que vous vous soyez accoutumés à la prière. 

Pour le reste de la journée utilisez de courtes prières pour demander à Dieu de bénir tout ce que vous faites. Par exemple, au réveil louez Dieu pour la nouvelle journée, remerciez-le de vous extraire du sommeil et demandez-Lui de bénir votre journée. Si vous avez une règle de prière pour le matin, faites vos prières et demandez-Lui de bénir votre petit déjeuner ou votre boisson du matin. Lorsque vous quittez votre maison pour aller travailler, demandez-Lui de bénir votre départ et de veiller sur votre retour. Quand vous montez dans votre voiture demandez-Lui de bénir votre voyage, quand vous commencez votre travail demandez-Lui de bénir votre tâche et votre lieu de travail. Demandez-Lui de bénir et d'éclairer vos collègues de travail qui travaillent à côté de vous, vous ne rencontrerez pas de problèmes d'humeur ni de stress lié à la jalousie. En fait, en tout nous devons d'abord demander à Dieu de bénir nos actions et de cette manière nous allons prendre l'habitude de nous souvenir de Dieu toute la journée. Il s'agit d'une forme de prière incessante et qui peut facilement être adaptée à notre vie. Lorsque nous avons maîtrisé ce stade, nous pouvons alors passer à l'étape suivante et dire la prière de Jésus, non seulement au moment que nous avons fixé pour la prière, mais à chaque occasion où nous n'avons pas à nous concentrer sur notre travail. Par exemple lors de notre pause café et au moment des repas ou si notre travail ne mobilise pas notre esprit, ou sil ne demande pas de concentration, ce sont alors d'excellentes occasions pour s'exercer à dire la prière. Dans ces moments la prière doit être dite silencieusement sinon les gens vont penser que quelque chose ne tourne pas rond chez vous. Peu à peu, vous remarquerez une différence en vous-mêmes. Vous vous verrez récitant la prière sans même avoir conscience de la prière. La prière deviendra alors une partie de votre vie et bientôt vous vous demanderez comment vous avez vécu sans elle."

mardi 23 novembre 2010

En fait, le bien le plus modeste est plus nécessaire à l'humanité que le plus éminent

par Son Éminence Jean (Shahovskoy)
Archevêque de San Francisco et de l'Ouest
Beaucoup de gens pensent que vivre selon la foi et accomplir la volonté de Dieu est très difficile. En fait c’est très facile. Il suffit de prêter attention à des détails, à des bagatelles, et essayer d'éviter le mal dans les moindres des choses, les plus triviales. C'est le moyen le plus simple et le plus sûr pour entrer dans le monde de l'esprit et se rapprocher de Dieu. L’homme pense souvent que le Créateur exige de lui de grandes choses, que l'Évangile insiste sur le sacrifice total de soi, l'abolition de sa personnalité, etc. comme condition de la foi. L’homme est tellement effrayé par cela qu'il commence à craindre de se familiariser avec Dieu, de se rapprocher de Dieu, et il se cache lui-même de Dieu, ne voulant même pas examiner la Parole de Dieu. "Si je ne peux rien faire d'important pour Dieu, alors je ferais mieux de rester loin des choses spirituelles, arrêter de penser à l'éternité, et vivre "d’une manière normale."

Il existe à l'entrée du Royaume spirituel une "hypnose des grandes choses" : il faudrait soit faire quelque chose de grand ou ne rien faire. Et c’est ainsi que les gens ne font rien du tout pour Dieu ou pour leur âme ! C’est très étrange, plus un homme se consacre aux petites choses de la vie, moins il veut être honnête ou pur ou fidèle à Dieu dans ces mêmes petites choses. Et, pourtant, on doit adopter une attitude correcte envers les petites choses si l'on désire s'approcher du royaume des cieux.

si l'on désire s'approcher ... Dans ces mots sont résumées toutes les difficultés de la vie religieuse. Souvent, on veut entrer dans le Royaume des Cieux de façon soudaine, de quelque façon miraculeuse et magique, ou, de droit – grâce à quelque chose comme un grand exploit. Mais ni l'une ni l'autre de ces voies n’est le bon chemin pour parvenir au monde le plus élevé. On n'entre pas dans la présence de Dieu de quelque manière merveilleuse, tout en restant indifférent sur terre aux besoins du Royaume de Dieu et à sa lumineuse éternité, pas plus qu’on ne peut obtenir les trésors du Royaume de Dieu par une sorte d'acte éternel, quelque magnifique qu’il puisse être. En revanche, de bonnes actions, de saintes actions sont nécessaires pour grandir dans une vie supérieure, une volonté brillante, un bon désir, une psychologie céleste, un cœur qui est à la fois pur et juste ...

«...Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense." (Mat.10;42)  Dans cette parole du Seigneur est la plus haute expression de la petitesse du bien."Un verre d'eau", ce n'est pas beaucoup ... Dans tout rapport entre les gens, il doit y avoir immanquablement un esprit bon. Cet esprit est le Christ, ouvertement manifeste ou caché.

"Au nom d'un disciple" - c'est la première étape dans la relation avec une autre personne au nom de Jésus-Christ Lui-même. Beaucoup de gens, ne connaissant pas encore le Seigneur et la fraternité merveilleuse en Son Nom ont pourtant entre eux des relations humaines fraternelles, désintéressées et pures qui les rapprochent de l'Esprit du Christ ...

... En fait, le bien le plus modeste est plus nécessaire à l'humanité que le plus éminent. Les gens peuvent coexister en s’entendant sans le plus grand bien, mais sans le moindre, ils ne peuvent pas exister. L'humanité périt non pas d'un manque du plus grand bien, mais d'une insuffisance de ce simple bien moins important. Le plus grand bien n'est pas plus qu'un toit, posé sur les murs de briques du bien le plus petit. Le moindre bien, le plus simple, a été laissé sur cette terre pour l'homme par le Créateur Lui-même, qui a pris sur Lui tout le bien le plus noble. Quiconque fait le plus petit bien, crée lui-même – et à travers lui le Créateur Lui-même crée – le plus grand bien. De notre petit bien le Créateur fait son propre grand bien. Car de même que notre Seigneur est le Créateur qui a formé toutes choses à partir du néant, combien plus Il est capable de créer le plus grand bien à partir du plus petit ...

Par un tel travail plus modeste, facile, fait dans la plus grande simplicité, un homme prend l’habitude de faire le bien et commence à le servir de tout son cœur, sincèrement, et de cette manière entre dans une atmosphère de bonté, plonge les racines de sa vie dans un sol nouveau, le sol du bien. Les racines de la vie humaine s'accommodent rapidement de cette bonne terre, et bientôt ne peuvent pas vivre sans elle... C’est ainsi qu’un homme est sauvé : du petit vient le grand. "Être fidèle dans les petites choses" se révèle être "fidèle dans les grandes."

Laissons de côté toutes les considérations théoriques telles que : il est interdit de massacrer des millions de femmes, d’enfants et de vieilles personnes ; contentez-vous de manifester votre sens moral en ne tuant d’aucune façon la dignité humaine de votre prochain, ni par la parole, ni par l’insinuation, ni par le geste. Ne vous fâchez pas pour des vétilles "contre votre frère en vain" (Matthieu 5:22) ou dans les contacts quotidiens de la vie ne parlez pas faussement à votre voisin. Ce sont des bagatelles, de petits changements, de peu d’importance, mais essayez seulement de le faire et vous verrez ce qu’il en adviendra.

Il est difficile de prier la nuit. Essayez donc le matin. Si vous ne parvenez pas à prier à la maison, alors, quand vous roulez jusqu’à votre lieu de travail récitez au moins le "Notre Père" avec un esprit simple et laissez les mots de cette courte prière résonner dans votre cœur. Et la nuit confiez-vous en toute sincérité aux mains du Père céleste. C'est vraiment très facile.

Et donnez, donnez un verre d'eau froide à tous ceux qui en ont besoin ; donnez un verre rempli à ras bord avec un simple esprit de camaraderie humaine pour tous ceux qui en manquent, la plus simple des camaraderies ...

O merveilleux chemin des petites choses, je te chante un hymne ! Entourez-vous, bonnes gens, ceignez-vous avec de petites œuvres de bien – avec une chaîne de petits sentiments, simples, faciles et bons qui ne coûtent rien, une chaîne de radieuses pensées, paroles et actions. Laissons de côté les grandes et les difficiles. Elles sont réservées à ceux qui les aiment et ne sont pas pour nous, qui n'avons pas encore appris à aimer les plus grandes, pour nous pour qui le Seigneur dans sa miséricorde, a répandu partout l’amour le plus petit, libre comme l'eau et l'air."