Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair

« Les chrétiens se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle… Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants mais ils n’abandonnent pas leurs enfants. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel ».

…………«Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Genèse 1)—« Le verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes de l’homme comment l’homme peut devenir Dieu » Clément d’Alexandrie (Protreptique, I,8,4)— « Le verbe de Dieu qui à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’Il est » Irénée (Ad haer. ,V,Paef.P.G.,7 COL. 1120)— « Dieu s’est fait porteur de la chair, pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit », Athanase ( De inc. Verbi,8)— « Dieu le Verbe nous a donné les prémices de l’Esprit-Saint, afin que nous puissions devenir des dieux à l’image du Fils de Dieu » Athanase, (P.G., 26,997 A)— « Dieu a créé le monde pour y devenir homme et pour que l’homme devienne Dieu, par grâce, et participe ainsi aux conditions de l’existence divine », Maxime le confesseur ( De incarnatione)— « Il est devenu homme à cause de toi, en sorte que toi, par lui, tu deviennes Dieu » Grégoire le théologien (Discours,XL)

vendredi 4 février 2011

La chair et l'esprit - Comment vaincre celui que la nature me porte à aimer ?

« Comment vaincre celui que la nature me porte à aimer ? Comment me libérer de celui auquel je suis lié pour l’éternité ? Comment anéantir ce qui doit ressusciter avec moi ? Comment rendre incorruptible ce qui a reçu une nature mortelle ? Comment opposer de bons arguments à celui qui tient les siens de la nature ? Car il est à la fois un allié et un ennemi, un aide et un rival, un défenseur et un traître. Si je le ménage, il me fait la guerre. Si je l’épuise, il devient sans force. Quand je le laisse tranquille, il se conduit mal. Si au contraire je le tourmente, il ne peut le supporter. Si je le contriste, je suis en danger. Si je lui porte un coup décisif, je n’ai plus de quoi acquérir les vertus. Tout ensemble, je l’embrasse et je me détourne de lui. Quel est donc ce mystère en moi ? Que signifie ce mélange ? Pourquoi suis-je ainsi ami et ennemi de moi-même ? »


St Jean Climaque in  L’échelle sainte 15,88 ; SO 24, p. 175-176.



       "Combattant les gnostiques qui dénigraient le corps, Irénée de Lyon affirmait clairement au 2e siècle : « La preuve est faite que c’est bien la chair qui subit la mort : une fois l’âme sortie, la chair devient sans souffle et sans vie et se dissout peu à peu dans la terre d’où elle a été tirée. C’est donc bien elle qui est mortelle ». Cependant, se référant à l’Apôtre Paul, il ajoute une précision : « C’est également d’elle que l’Apôtre dit : ‘Il vivifiera aussi vos corps mortels’ (Rm 8, 11). C’est pourquoi il dit à son sujet dans la première aux Corinthiens : ‘Ainsi en va-t-il pour la résurrection des morts : semée dans la corruption, la chair ressuscitera dans l’incorruptibilité’ (1 Co 15, 42) » (Irénée de Lyon, Contre les hérésies V,7,1.)
Comment comprendre alors le mépris du charnel et la louange du spirituel que semblent véhiculer certains textes de la tradition chrétienne ? "
C'est ce qu'expose avec clarté l'Archimandrite Job Getcha  dans une conférence  intitulée  « La chair et l’esprit - Antagonisme paulinien, héritage patristique"

vendredi 21 janvier 2011

Action (praxis) et contemplation (theoria) par St Maxime Le Confesseur

"Quiconque est épris du salut s'applique absolument ou bien à l'action* ou bien à la contemplation**. Car sans la vertu et sans la connaissance nul n'a jamais pu en aucune manière découvrir le salut. Pour ce qui est de la vertu elle assigne sa place au mouvement du corps, en arrêtant sciemment par la pensée droite comme avec un frein, l'impulsion qui porte à l'extravagance. Quant à la conemplation, elle décide de choisir sagement ce qui a été bien pensé et bien jugé."
(St Maxime Le Confesseur - 7ème Centurie, 62)

*action  = non l'action dans le monde mais l'action sur soi, singulièrement l'ascèse corporelle et la prière liturgique. L'action prépare et permet la contemplation.
** contemplation = theoria = la sensation spirituelle de Dieu, au coeur et au-delà de la prière. L'aboutissement et la transfiguration de la praxis.

lundi 10 janvier 2011

Quand une activité est-elle appropriée pour une vie spirituelle ?


Saint Théophane le Reclus a traité cette question dans une correspondance qu’il a eue avec une jeune femme qui voulait vivre une vie spirituelle, mais qui se sentait gênée par la précipitation et la distraction de la vie. Elle voyait le monde comme un endroit où «tout le monde se précipite en tout sens comme dans un accès de colère, à la poursuite de quelque chose que personne ne parvient jamais à attraper.» Voilà ce qu’elle relate : «Je ne pouvais pas voir quoi que ce soit qui puisse provenir de l'âme. Il y a des caresses vides, une disposition à faire des choses pour l'autre, et aussi une admiration mutuelle. Tout est superficiel ... Sous l'apparence se cache un tout autre esprit .... quelle comédie. ... Ils se lient, se contraignent et se tyrannisent les uns les autres ; personne n'a sa propre volonté ou une quelconque liberté ».

Saint Théophane a confirmé de telles observations sur la nature de cette vie et lui a répondu en citant saint Macaire le Grand.
"Les enfants de cet âge sont devenus tels le blé versé sur le tamis de cette terre, et puis dispersés parmi les rêves inconstants de ce monde, au milieu d’agitations sans fin liées aux soucis terrestres, aux désirs et au labyrinthe des concepts matériels. Satan secoue les âmes, et avec un tamis, c’est à dire les soucis du monde, il disperse l’entière race humaine pécheresse."
Saint Macaire utilise l’image agricole d'un tamis, où le grain est jeté afin de nous montrer comment nos soucis terrestres, nos rêves et nos désirs font la même chose pour nous, ils nous lancent au hasard alentour. Nous sommes projetés par nos désirs physiques et nos pensées dispersées, tout comme les grains de blé sont ballottés dans un tamis. Nous nous trouvons constamment en mouvement, toujours impliqué dans une tourmente incertaine. Tout cet affairement dont nous faisons l'expérience est une quête sans fin pour satisfaire les désirs terrestres qui ne peuvent jamais être pleinement satisfaits. Sous-jacent à tout cela est notre orgueil. 

Saint Théophane dit également :
"Peu importe comment on dissimule ses désirs, derrière eux se trouve l'égoïsme, qui veut vous entortiller pour ses besoins, ou vous utiliser comme moyen. L'objectif est une fourberie ... tout le monde s'enferme dans sa propre coquille, incapable de produire la moindre chaleur. "
Telle est la nature de la vie sur terre. Elle ne cesse de nous lance des défis, en nous entraînant dans le prochain drame de la vie. Nous nous sentons souvent comme une graine solitaire, sans vrais amis ou relations pour nous consoler. Parfois on trouve un confort terrestre, mais bientôt il se transforme en une déception. Si ce n'est pas dans nos relations, nous la trouvons dans notre bien-être physique avec la maladie ou un accident. Qu'est-ce que ce que tout cela, s'écrie-t-on ! Que devons-nous faire ?

Saint Théophane dit encore :
« il vous est, bien sûr, impossible de fuir tout le monde mais refusez autant que possible d'entrer dans ce cercle de la vie mondaine. Quand il vous tire contre votre volonté, agissez comme si vous n'étiez pas là, regardez, mais ne prêtez pas attention, écoutez mais restez sourd .... Extérieurement, comportez comme tout le monde, soyez simple et sincère, mais protégez-vous des sympathies et des attractions. »

Nous pouvons évaluer nos activités en reconnaissant que nous sommes constitués de plusieurs aspects et que tous ceux-ci doivent être en mouvement en même temps. Nous avons tous les besoins corporels qui doivent être satisfaits ; il y a aussi les actions de l'âme avec son intelligence qui analyse en permanence, notre volonté qui veut choisir librement, et notre cœur qui cherche l'harmonie, et nous avons l'esprit avec son désir de ce qui est bon et beau.

Tout cela doit être en synergie pour vivre ensemble comme prévu, Saint Théophane dit à ce propos :
"Ce n'est que lorsque l'ensemble de nos énergies sont en mouvement et que tous nos besoins sont satisfaits qu'un homme vit. Mais quand seule une petite partie de ses énergies est en mouvement, et que seul un petit nombre de ses besoins sont satisfaits, cette vie n'est pas la vie. Tout fonctionne ensemble comme un tout. "

Tous les aspects de votre être doivent être pris en considération dans les activités mondaines. Examinez vos activités et évaluez comment le corps, l’âme et l’esprit y sont engagés. Est-ce que l'activité assure que vos besoins physiques sont pris en considération de manière appropriée, sans excès, mais seulement à un degré nécessaire à votre bien-être. Est-ce votre que votre intelligence s’est concentrée, est demeurée claire, contrôlant vos pensées pour qu’elles soient raisonnées et cherchent à obtenir le plus haut niveau de compréhension. Est-ce que votre volonté est engagée dans des autolimitations vis-à-vis des désirs excessifs, et votre cœur se trouve-t-il dans un sentiment de calme et d'harmonie ? Enfin, est-ce que votre esprit est mobilisé et vigilant par rapport à tout de que vous faites de sorte que dans l'activité vous demeurez orientés vers ce qui est bon aux yeux de Dieu ? Si quelque aspect de votre être est en porte à faux, alors vous pouvez dire de cette activité qu’elle n'est pas bonne pour vous spirituellement.

(Citations de La vie spirituelle, Lettre 4, 39-42, Saint Théophane le Reclus)

dimanche 19 décembre 2010

Ce que vous lisez a un impact sur votre façon de penser...


Ce que vous lisez a un impact sur votre façon de penser. Il en est ainsi avec ce que vous regardez à la télévision ou au cinéma. Pensez à ce que vous voulez laisser dans votre esprit qui influencera votre façon de penser. Vos lectures doivent vous laisser quelque chose qui aura un impact positif sur votre croissance spirituelle, qui façonnera votre esprit et l'orientera vers Dieu.


Afin de prédisposer au mieux votre esprit de façon positive, vous devez prévoir de prendre le temps de lire régulièrement les Saintes Écritures, les écrits des Saints Pères et la vie des Saints. Vous devez organiser votre vie afin que vous puissiez passer au moins une demi-heure par jour pour cette occupation, peut-être au lieu de l'un des programmes de télévision que vous regardez habituellement. Un bon moment pour cela c’est le soir, juste avant le coucher, avant ou après votre prière du soir. Cela vous permettra de vous endormir avec de douces pensées..


La vie spirituelle est un défi. C'est comme l’ascension d'une pente raide ou du flanc d’une montagne. C'est un chemin long et lent, mais avec des moments de joie tout au long du chemin. Au fur et à mesure de votre avancée vous allez accumuler des forces. Vous pourrez commencer à regarder en arrière et apprécier la distance parcourue tout en étant conscient du chemin qu’il vous reste à faire. Comme vous accroissez vos forces, vous serez en mesure de vous confronter à un terrain de plus en plus difficile aussi bien que de faire face à l'incertitude des tempêtes que vous ne pouvez pas prévoir. C’est souvent un chemin solitaire, et parfois il vous semblera que vous n’atteindrez jamais le sommet.

Quand vous aurez affaire à ces difficultés, les lectures, en particulier la vie des Saints, pourront vous inspirer du courage pour continuer votre chemin. Vous pourrez voir que d'autres ont parcouru ce chemin avant vous, et que grâce à leur persévérance et leur foi, ils ont atteint des sommets beaucoup plus élevés que vous n’êtes capables de voir à l’heure actuelle. Quand vous allez vous tourner vers ceux qui ont eu une relation intime avec Dieu, ils vont vous redonner de l'espoir et faire naître une étincelle de chaleur dans votre cœur. Ils vous aideront à garder la tête haute et les yeux fixés sur le sommet qui vient. Ils vont vous montrer que votre capacité de choisir, de changer, et de supporter, est bien réelle. Ils vous montreront le chemin de la sagesse et de l'amour et la capacité en germe d'irradier vous-même la gloire spirituelle provenant de votre découverte de la lumière incréée de Dieu et vous vous retrouverez dans une union glorieuse avec Lui.

La Bible contient des livres les plus importants à lire régulièrement. Voici quelques suggestions sur la façon de lire la Bible:
Lire la Bible avec obéissance. Rappelez-vous qu'elle est inspirée par Dieu. C'est le Christ lui-même qui vous parle. Cela signifie que vous devez conserver un sentiment d'émerveillement à son écoute, sans jugement. Ne tenez pas cet émerveillement pour acquis. En effet à cause de ce que vous savez déjà ou de ce qui a été vulgarisé de la Bible, vous pouvez considérer ce qui est écrit dans la Bible comme un texte comme les autres et perdre votre sentiment de crainte révérencielle et d’émerveillement en la lisant. La lecture de la Bible ne peut se faire comme la lecture d'un roman ou celle d’un quotidien. Tout comme pour la prière, vous avez besoin de préparer votre esprit à la nature du texte que vous vous apprêtez à lire. C'est la Parole de Dieu. Avec un esprit ouvert d’émerveillement, vous pouvez rendre votre écoute réceptive à ce qui est dit. C’est la signification spirituelle de ce qui est écrit que vous devez rechercher. Rappelez-vous ceci : la Bible n'est pas un manuel d’histoire, mais un document spirituel. Soyez à l’écoute des mots que vous lisez, vous vous rendrez compte de la tâche colossale que Dieu a avec vous et de son Amour sans bornes pour l'humanité tout entière.
Lorsque vous lisez la Bible, ne faites pas le projet de vous faire vous-même votre propre interprétation. L’Écriture doit être interprétée par l'Église. Rappelez-vous l'histoire de Philippe rencontrant l’Éthiopien lisant la Bible dans son char (Ac 8,26) ? Philippe lui demande: «Comprends-tu ce que tu lis ?» et l'Éthiopien répond : «Comment le pourrai-je si personne ne me guide». C'est cette même attitude que vous devriez avoir. L’Écriture n'est pas toujours évidente. Selon les différentes étapes de votre croissance spirituelle, des passages prendront une signification différente. Plus vous grandirez spirituellement, plus la Bible aura à vous apprendre. Vous devriez profiter des commentaires bibliques des Pères de l'Église pour vous aider. Lorsque vous lirez la Bible votre propre compréhension sera pleinement éclairée par l'Esprit Saint en prenant connaissance des commentaires des Pères de l'Église. Et si finalement vous avez encore des questions ou des opinions, soumettez-les à l'Église pour obtenir des éclaircissements.

Votre lecture de la Bible doit toujours être centrée sur le Christ. Votre interprétation doit être faite à la lumière de l'harmonie et de la plénitude que Jésus a apportées à ce monde. Adopter une approche analytique et détacher chaque livre ou chapitre du tout serait une erreur. Pour nous Orthodoxes, la Bible doit être comprise comme un tout, avec le Christ au centre reliant et unifiant tout.

St Marc l'ascète
Vous devriez également lire la Bible en vous l’appliquant à vous-même. Saint Marc le moine (5ème -6ème siècle) dit: «Celui qui est humble dans ses pensées et engagé dans le travail spirituel, quand il lit les Saintes Écritures, s'applique tout à lui-même et non à son voisin. » 
Ne pas demander : «Qu'est-ce ce que cela signifie ?» Mais, plutôt demander : «Qu'est-ce que cela signifie pour moi ? » En lisant la Bible, il y a lieu d'abord d’avoir à l’esprit que l'Écriture est l’histoire sainte du monde de l’instant de la création jusqu’à la formation de l'Eglise primitive. Il faut ensuite considérer comment cette histoire s’applique à nous-mêmes, à nos rencontres avec Dieu intervenant à des moments et des lieux qui nous sont propres et entrer en dialogue avec ces personnes qui appartiennent à notre propre histoire spirituelle particulière. Vous devez vous approprier ces lieux et ces périodes éloignés et les transposer à votre propre vie en en saisissant les correspondances avec vous.

samedi 27 novembre 2010

CONSEILS AUX DÉBUTANTS POUR LA PRIÈRE DE JÉSUS par P. Christophoros Klitou

"Quand nous sommes débutants, nous devons faire face à des difficultés et faire des erreurs. Nous allons prier d'une manière imparfaite. Donc, ayant cela à l'esprit, il ne faut pas perdre espoir ni courage si l’on ne parvient pas à se concentrer, ni perdre tout intérêt à prendre l'habitude de la prière, mais il faut seulement rediriger son esprit vers la prière. Il y faut beaucoup de travail, de l’acharnement et de la persévérance comme le demande l’acquisition d’une maîtrise de n’importe quelle compétence. N'essayez pas de faire plus d'un "komboskini" (100 prières de Jésus) jusqu'à ce que vous vous soyez accoutumés à la prière. 

Pour le reste de la journée utilisez de courtes prières pour demander à Dieu de bénir tout ce que vous faites. Par exemple, au réveil louez Dieu pour la nouvelle journée, remerciez-le de vous extraire du sommeil et demandez-Lui de bénir votre journée. Si vous avez une règle de prière pour le matin, faites vos prières et demandez-Lui de bénir votre petit déjeuner ou votre boisson du matin. Lorsque vous quittez votre maison pour aller travailler, demandez-Lui de bénir votre départ et de veiller sur votre retour. Quand vous montez dans votre voiture demandez-Lui de bénir votre voyage, quand vous commencez votre travail demandez-Lui de bénir votre tâche et votre lieu de travail. Demandez-Lui de bénir et d'éclairer vos collègues de travail qui travaillent à côté de vous, vous ne rencontrerez pas de problèmes d'humeur ni de stress lié à la jalousie. En fait, en tout nous devons d'abord demander à Dieu de bénir nos actions et de cette manière nous allons prendre l'habitude de nous souvenir de Dieu toute la journée. Il s'agit d'une forme de prière incessante et qui peut facilement être adaptée à notre vie. Lorsque nous avons maîtrisé ce stade, nous pouvons alors passer à l'étape suivante et dire la prière de Jésus, non seulement au moment que nous avons fixé pour la prière, mais à chaque occasion où nous n'avons pas à nous concentrer sur notre travail. Par exemple lors de notre pause café et au moment des repas ou si notre travail ne mobilise pas notre esprit, ou sil ne demande pas de concentration, ce sont alors d'excellentes occasions pour s'exercer à dire la prière. Dans ces moments la prière doit être dite silencieusement sinon les gens vont penser que quelque chose ne tourne pas rond chez vous. Peu à peu, vous remarquerez une différence en vous-mêmes. Vous vous verrez récitant la prière sans même avoir conscience de la prière. La prière deviendra alors une partie de votre vie et bientôt vous vous demanderez comment vous avez vécu sans elle."

mardi 23 novembre 2010

En fait, le bien le plus modeste est plus nécessaire à l'humanité que le plus éminent

par Son Éminence Jean (Shahovskoy)
Archevêque de San Francisco et de l'Ouest
Beaucoup de gens pensent que vivre selon la foi et accomplir la volonté de Dieu est très difficile. En fait c’est très facile. Il suffit de prêter attention à des détails, à des bagatelles, et essayer d'éviter le mal dans les moindres des choses, les plus triviales. C'est le moyen le plus simple et le plus sûr pour entrer dans le monde de l'esprit et se rapprocher de Dieu. L’homme pense souvent que le Créateur exige de lui de grandes choses, que l'Évangile insiste sur le sacrifice total de soi, l'abolition de sa personnalité, etc. comme condition de la foi. L’homme est tellement effrayé par cela qu'il commence à craindre de se familiariser avec Dieu, de se rapprocher de Dieu, et il se cache lui-même de Dieu, ne voulant même pas examiner la Parole de Dieu. "Si je ne peux rien faire d'important pour Dieu, alors je ferais mieux de rester loin des choses spirituelles, arrêter de penser à l'éternité, et vivre "d’une manière normale."

Il existe à l'entrée du Royaume spirituel une "hypnose des grandes choses" : il faudrait soit faire quelque chose de grand ou ne rien faire. Et c’est ainsi que les gens ne font rien du tout pour Dieu ou pour leur âme ! C’est très étrange, plus un homme se consacre aux petites choses de la vie, moins il veut être honnête ou pur ou fidèle à Dieu dans ces mêmes petites choses. Et, pourtant, on doit adopter une attitude correcte envers les petites choses si l'on désire s'approcher du royaume des cieux.

si l'on désire s'approcher ... Dans ces mots sont résumées toutes les difficultés de la vie religieuse. Souvent, on veut entrer dans le Royaume des Cieux de façon soudaine, de quelque façon miraculeuse et magique, ou, de droit – grâce à quelque chose comme un grand exploit. Mais ni l'une ni l'autre de ces voies n’est le bon chemin pour parvenir au monde le plus élevé. On n'entre pas dans la présence de Dieu de quelque manière merveilleuse, tout en restant indifférent sur terre aux besoins du Royaume de Dieu et à sa lumineuse éternité, pas plus qu’on ne peut obtenir les trésors du Royaume de Dieu par une sorte d'acte éternel, quelque magnifique qu’il puisse être. En revanche, de bonnes actions, de saintes actions sont nécessaires pour grandir dans une vie supérieure, une volonté brillante, un bon désir, une psychologie céleste, un cœur qui est à la fois pur et juste ...

«...Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense." (Mat.10;42)  Dans cette parole du Seigneur est la plus haute expression de la petitesse du bien."Un verre d'eau", ce n'est pas beaucoup ... Dans tout rapport entre les gens, il doit y avoir immanquablement un esprit bon. Cet esprit est le Christ, ouvertement manifeste ou caché.

"Au nom d'un disciple" - c'est la première étape dans la relation avec une autre personne au nom de Jésus-Christ Lui-même. Beaucoup de gens, ne connaissant pas encore le Seigneur et la fraternité merveilleuse en Son Nom ont pourtant entre eux des relations humaines fraternelles, désintéressées et pures qui les rapprochent de l'Esprit du Christ ...

... En fait, le bien le plus modeste est plus nécessaire à l'humanité que le plus éminent. Les gens peuvent coexister en s’entendant sans le plus grand bien, mais sans le moindre, ils ne peuvent pas exister. L'humanité périt non pas d'un manque du plus grand bien, mais d'une insuffisance de ce simple bien moins important. Le plus grand bien n'est pas plus qu'un toit, posé sur les murs de briques du bien le plus petit. Le moindre bien, le plus simple, a été laissé sur cette terre pour l'homme par le Créateur Lui-même, qui a pris sur Lui tout le bien le plus noble. Quiconque fait le plus petit bien, crée lui-même – et à travers lui le Créateur Lui-même crée – le plus grand bien. De notre petit bien le Créateur fait son propre grand bien. Car de même que notre Seigneur est le Créateur qui a formé toutes choses à partir du néant, combien plus Il est capable de créer le plus grand bien à partir du plus petit ...

Par un tel travail plus modeste, facile, fait dans la plus grande simplicité, un homme prend l’habitude de faire le bien et commence à le servir de tout son cœur, sincèrement, et de cette manière entre dans une atmosphère de bonté, plonge les racines de sa vie dans un sol nouveau, le sol du bien. Les racines de la vie humaine s'accommodent rapidement de cette bonne terre, et bientôt ne peuvent pas vivre sans elle... C’est ainsi qu’un homme est sauvé : du petit vient le grand. "Être fidèle dans les petites choses" se révèle être "fidèle dans les grandes."

Laissons de côté toutes les considérations théoriques telles que : il est interdit de massacrer des millions de femmes, d’enfants et de vieilles personnes ; contentez-vous de manifester votre sens moral en ne tuant d’aucune façon la dignité humaine de votre prochain, ni par la parole, ni par l’insinuation, ni par le geste. Ne vous fâchez pas pour des vétilles "contre votre frère en vain" (Matthieu 5:22) ou dans les contacts quotidiens de la vie ne parlez pas faussement à votre voisin. Ce sont des bagatelles, de petits changements, de peu d’importance, mais essayez seulement de le faire et vous verrez ce qu’il en adviendra.

Il est difficile de prier la nuit. Essayez donc le matin. Si vous ne parvenez pas à prier à la maison, alors, quand vous roulez jusqu’à votre lieu de travail récitez au moins le "Notre Père" avec un esprit simple et laissez les mots de cette courte prière résonner dans votre cœur. Et la nuit confiez-vous en toute sincérité aux mains du Père céleste. C'est vraiment très facile.

Et donnez, donnez un verre d'eau froide à tous ceux qui en ont besoin ; donnez un verre rempli à ras bord avec un simple esprit de camaraderie humaine pour tous ceux qui en manquent, la plus simple des camaraderies ...

O merveilleux chemin des petites choses, je te chante un hymne ! Entourez-vous, bonnes gens, ceignez-vous avec de petites œuvres de bien – avec une chaîne de petits sentiments, simples, faciles et bons qui ne coûtent rien, une chaîne de radieuses pensées, paroles et actions. Laissons de côté les grandes et les difficiles. Elles sont réservées à ceux qui les aiment et ne sont pas pour nous, qui n'avons pas encore appris à aimer les plus grandes, pour nous pour qui le Seigneur dans sa miséricorde, a répandu partout l’amour le plus petit, libre comme l'eau et l'air."

dimanche 21 novembre 2010

Parvenir à sentir qu'on est... rien.


Quelle est cette ascension intérieure que nous sommes appelés à entreprendre ?  
Cela ressemble parfois à quelque chose comme un chemin incertain et difficile vers un but inaccessible. La plupart d'entre nous ne peut même pas imaginer ce que ça doit être de voir et de sentir la présence de Dieu opérant en nous à travers tous les membres de notre corps. 
Quand nous nous engageons sur le chemin orthodoxe en adhérant au mode de vie orthodoxe, nous sommes motivés avec un désir fort, un grand zèle, pour venir à bout de notre aveuglement et devenir pleinement unis à Dieu, pour partager sa lumière glorieuse . Au début, nous n’avons eu qu’un aperçu de cette union plus parfaite avec Dieu. Mais cela a suffi à mettre le feu à notre âme, nous motivant à changer notre façon d'être avec l’aide de Dieu, dans l'Église. Nous nous sommes rendu compte que nous devions prendre des mesures concernant notre propre mode de vie pour nous débarrasser du péché dont nous avons eu de plus en plus une conscience aigüe. Nous avons lutté et lutté. Nous avons constaté que c'est la nature de la voie.
Saint Théophane nous dit que cette ascension intérieure nous conduit à la "révélation et l'apparition à notre conscience de l'œuvre de Dieu en nous." Ce n'est pas autre chose que notre œuvre de salut et de purification, nous dit-il.

«Le zélote est éclairé sur cette réalité à travers de fréquents échecs rencontrés en dépit de tous ses efforts, et de beaux succès inattendus rencontrés sans tentative particulière. Erreurs et chutes sont particulièrement éclairantes en nous privant de la grâce. Tous ces manquements amènent un homme à la pensée et à la croyance qu'il n'est rien, alors que Dieu et sa grâce toute-puissante sont tout.»


C’est la destination finale, la réalisation que nous ne sommes "rien" car Saint Théophane affirme :
"Ce n'est pas possible à moins que la personne parvienne à sentir qu'elle n'est rien."

dimanche 7 novembre 2010

Compatibilité du travail et et de la prière


Est-il possible de prier pendant que nous travaillons ? A première vue, il semble que cela va nous détourner de notre travail. En réalité cela nous permettra d'améliorer notre concentration et notre capacité à faire un travail de qualité sans être gêné par les distractions et l'anxiété.
Voici ce que dit l'Ancien Paissios :

« Quand quelqu'un fait un travail qui nécessite de la concentration, comme conduire une voiture, ou opérer un patient, il doit aussi dire la prière de Jésus afin que Dieu puisse l'aider et l'éclairer, mais il doit prier avec son cœur, et utiliser son esprit pour se concentrer sur son travail et ainsi éviter de faire des erreurs. »

La prière peut nous aider à nous concentrer et à acquérir une plus grande compréhension de notre travail.
L’Ancien dit encore :

« Plus l'esprit se concentre sur la prière, et est dans l’humilité, plus il est illuminé par la grâce de Dieu. Au contraire, plus il devient dispersé et confus en raison de son arrogance, plus il se trouble, si bien que notre esprit, qui est propre par nature, se remplit de pensées sales. »

C'est par la prière que nous agissons avec un esprit «propre». Sans la prière, nous nous abandonnons à nos propres pensées souvent confuses. Nous produisons encore et encore dans notre esprit des pensées négatives sur telle ou telle personne. Nous fabriquons encore et encore des scénarios sur ce qui pourrait nous arriver dans le futur. Avec la prière continue notre esprit devient calme, pur de pensées distrayantes, seulement rempli de Dieu et le travail qui est en face de nous à ce moment-là. Nous demeurons dans la vision de Sa volonté pour nous.

Encore quelques paroles de Geronda Païssios sur le blog de Claude

mercredi 3 novembre 2010

Pour une croissance spirituelle solide par l'Ancien Ephraïm de la Sainte Montagne

 "Plus rapidement vous aurez acquis une vertu, plus facilement vous la reperdrez. Plus lentement et laborieusement vous l' aurez acquise, plus fermement elle demeurera;  tout comme cette plante de courge qui était devenue grande et qui disait  au cyprès :
– Tu as vu de combien j’ai poussé en quelques jours ? Tu es là depuis de nombreuses années et tu n’as presque pas grandi !
– Oui, dit le cyprès, mais tu n'as pas encore connu les tempêtes, les vagues de chaleur, et les périodes de froid !
Et peu de temps après la plante de courge se dessécha, tandis que le cyprès resta où il était.

Ainsi est l’homme spirituel. Par temps de tempête ou par temps calme, il reste le même. Pourquoi ? Parce qu'une longue période de temps a créé la stabilité. Quand cet homme a commencé à renoncer au monde, sa condition spirituelle était instable, mais avec le temps, la grâce de Dieu a progressivement travaillé à son salut et à la libération de ses passions. Ainsi, une personne a besoin de faire des efforts aujourd'hui, et la grâce de Dieu commencera à agir d’elle-même demain. Ensuite, vous n'aurez pas besoin de vous efforcer d’avoir de bonnes pensées ; c’est la grâce qui demeurera en vous qui les fera venir à votre esprit, sans votre effort. Ensuite, vous verrez de grands mystères ! Vous acquerrez, pour ainsi dire, la présence à l’esprit de la mort, ou un autre souvenir bénéfique. Lorsque vous vous réveillerez et commencerez d'ouvrir vos yeux, au lieu de vous sentir encore endormi, vous aurez progressé ; vous aurez déjà passé à travers tout le mystère de la theoria et vous direz : "Mais comment cette chose-là se produit-elle, alors que  je me lève à peine ? Comment cette chose se produit-elle ? " 

Tout pareillement, la grâce de Dieu agit par elle-même,  elle est le résultat d'une habitude de longue date.
La même chose arrive avec le péché : éveillé ou endormi, un homme pécheur pense constamment au mal Quand le péché est renforcé par une mauvaise habitude et par le diable, il devient un mal constant. Ainsi en est-il avec le bien, une bonne habitude assistée par la grâce de Dieu devient une seconde nature. "

vendredi 22 octobre 2010

Comment s’éveillent les passions

P.Dumitru Stăniloae
Si nous comprenons comment s’éveillent les passions alors nous pouvons trouver des moyens de les garder sous contrôle.

Père Dumitru Stăniloae écrit :
"Dans tous les écrits spirituels orthodoxes, nous trouvons exposé l’enchaînement dans lequel prennent naissance les passions en toute circonstance :
Satan met une pensée de péché dans notre esprit, ce que l'on appelle "l'attaque"... Elle a seulement d’abord l’apparence d'une  simple pensée que nous pouvons commettre tel ou péché. Elle apparaît dans l'esprit comme une simple possibilité. Ce n'est pas encore un péché, car nous n'avons pas encore pris position vis-à-vis d’elle. Elle semble être en dehors de nous, nous ne l'avons pas créée, et elle n’a encore qu'un caractère virtuel, c’est une possibilité mais cela ne semble pas très grave, et qui ne nous donne pas beaucoup d'inquiétude. Nous sommes préoccupés de tout notre être par autre chose. Nous ne savons pas d'où est venue cette pensée, c’est comme si quelqu'un jouait avec et l’avait jetée négligemment sur le côté de la route. Cependant nous continuons à y réfléchir. Ainsi, elle a toutes les caractéristiques d'une pensée abandonnée par quelqu'un d'autre et les saints Pères ne manquent pas de l'attribuer à Satan…"

Vous êtes-vous déjà demandé d'où venaient quelques-unes des pensées que vous avez ?

     De cette attaque jusqu'à l'acte de péché, nous avons de nombreuses étapes....
Le moment décisif, c'est quand notre pensée prend position. Si nous avons rejeté la pensée dès le premier moment, nous l’avons échappé belle. Si, toutefois, nous commençons à y réfléchir, à goûter le péché dans notre esprit, alors « la conjugaison», le mélange de nos pensées avec celles des démons malfaisants s'est déjà produit. Maintenant, nous nous sommes joints à la pensée du mal, elle est devenue une partie de nous .... par elle nous sommes entrés dans la zone du péché et nous pouvons difficilement arrêter le plein développement de ce processus une fois qu'il a été mis en mouvement. Suivent de près le consentement au fait, ou le dispositif opéré par nos pensées et les pensées de Satan pour que le fait se réalise. Maintenant seulement la simple pensée se concrétise en images.

Vous êtes-vous demandé pourquoi vous en êtes venu à examiner quelques-unes des pensées que vous prenez en considération?

Saint Paul, décrit sa frustration par rapport à cette question :

15 En effet, je ne comprends pas ce que je fais: je ne fais pas ce que je veux, et c'est ce que je déteste que je fais. 16 Et si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la Loi est bonne. 17 En réalité, ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi. 18 Car je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ce que je suis par nature. Vouloir le bien est à ma portée, mais non l'accomplir. 19 Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le commets. 20 Si donc je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais mais c'est le péché qui habite en moi. 21 Lorsque je veux faire le bien, je découvre cette loi: c'est le mal qui est à ma portée. 22 Dans mon être intérieur, je prends plaisir à la Loi de Dieu. 23 Mais je vois bien qu'une autre loi est à l’œuvre dans tout mon être: elle combat la Loi qu'approuve ma raison et elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché qui agit dans mes membres. 24 Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps voué à la mort ? 25 Dieu soit loué : c'est par Jésus-Christ notre Seigneur. En résumé: moi-même, je suis, par la raison, au service de la Loi de Dieu, mais je suis, dans ce que je vis concrètement, esclave de la loi du péché... (Romains 7:15-25)


Les implications de ce processus sont claires. Si l'on veut avancer dans la vie spirituelle, il faut d'abord avoir la foi et une solide conviction que ces pensées doivent être rejetées. Les rejeter exige une position ferme, un esprit discipliné, et l'aide de Dieu.

Père Dumitru écrit encore :
"Par conséquent, l'obligation imposée à celui qui veut aller de l'avant dans sa vie vers la perfection est d’observer sans cesse les pensées qui apparaissent dans le champ de la conscience. Il lui faut éliminer l'idée de toute passion, à sa première apparition. La garde de l'esprit, l'attention, et la ferme et sagace résistance aux pensées sont continument recommandées par les maîtres spirituels de ceux qui ne veulent pas être victimes des passions .... Cela signifie de garder son esprit immergé, plein d'amour, dans l'infini divin, qui l'enrichit de significations toujours nouvelles et pures.
C'est là la première tâche de la spiritualité orthodoxe.

dimanche 17 octobre 2010

Notre combat avec les pensées

Le contrôle de nos pensées n'est pas une tâche facile. Assurément, si nous pouvons le faire, notre esprit devient plus clair, plus silencieux et nous gagnons plus de discernement. Par conséquent, nous pouvons devenir plus saints. La vraie prière exige un esprit silencieux libre des pensées afin que nous puissions écouter la voix sans paroles de Dieu qui vient de notre cœur. C’est de cette façon que nous pouvons faire la volonté de Dieu. Mais être capable de contrôler nos pensées est quelque chose qui semble être hors de notre portée. C'est quelque chose que nous ne pouvons pas faire par nous-mêmes. Nous avons besoin d'aide.


Voilà ce que nous dit Saint Hesychius :
« L'esprit ne peut pas venir à bout d’un fantasme démoniaque par ses propres forces, et ne devrait jamais tenter de le faire ... Les démons sont extrêmement sournois: ils font semblant d'être vaincus et ensuite nous font chuter en nous remplissant de l'estime de soi. Mais quand nous faisons appel à Jésus-Christ, ils n'osent pas user de leurs tours avec nous, même pendant une seconde. » (in La Philocalie)

Ceux d'entre nous qui ont essayé de maîtriser leurs pensées peuvent affirmer que, peu importe de combien nous progressons, car soit nous sommes vaincus par davantage de pensées qui monopolisent notre attention, soit nous commençons à penser à la façon dont nous avons le contrôle de nos pensées. Dès qu’en nous naît la pensée que nous nous y prenons vraiment bien, nous avons perdu la bataille.

La solution se trouve dans les propos de Saint Hesychius - nous devons demander de l'aide à Jésus Lui-même.

Saint Théophane le Reclus nous dit :
« Chaque fois que nous lançons un appel directement au Seigneur avec crainte, respect, espoir et foi en Son activité complète sans entrer dans une bataille verbale avec la pensée passionnée, la pensée passionnée s'éloigne alors de l'œil de l'esprit, qui est fixé sur le Seigneur. Quand elle est coupée de l'esprit par une telle attention, la pensée passionnée s’éloigne d’elle-même… »

Le fait de faire appel au Seigneur pour obtenir de l’aide enracine une pensée plus puissante dans notre esprit et repousse celle que nous voulons ignorer à l'arrière-plan. Sans cette attention accordée à la pensée à laquelle on substitue un appel à Dieu pour lui demander son aide, celle-là disparaît. Le démon qui cherchait à introduire dans notre esprit cette pensée non désirée est vaincu. C'est une des raisons pour lesquelles la pratique de la prière de Jésus est si importante. Dieu nous aide à lutter contre les pensées indésirables lorsque nous faisons appel à Son Nom.


Saint Théophane utilise un exemple d'une légende qu'il connaissait
« Un ancien vivait dans le désert de silence. Les démons l'attaquèrent de façon visible, et commencèrent à le traîner hors de sa cellule de façon à complètement le chasser du désert. L' ancien lui-même commença à riposter, mais ils le poussèrent et réussirent même à le traîner jusqu'à la porte même. Il s’en était fallu de peu qu’ils ne réussissent à le faire sortir. Se voyant dans un danger extrême, l'ancien cria : "Seigneur Jésus-Christ! Pourquoi m'as-tu abandonné? Aide-moi, Seigneur!" Dès qu'il appela, le Seigneur apparut immédiatement, chassa les démons, et dit à l’ancien : « Je ne t'abandonne pas, mais comme tu n'as pas fait appel à moi et que tu as pensé que tu pourrais faire face aux démons tout seul, je ne suis pas venu à ton aide. Appelle-moi, et tu recevras toujours promptement mon aide. " Après avoir dit cela, le Seigneur disparut. Cet incident est une leçon non seulement pour l’ancien, mais pour nous tous : Ne lutte pas contre des pensées passionnées par une altercation spirituelle avec elles, mais tourne-toi immédiatement vers le Seigneur par des prières contre eux ». (in La vie spirituelle)


Une dernière pensée de Saint Théophane :
« La purification durable des pensées est un don de Dieu, mais ce don n'est pas donné sans l'intensification d’efforts personnels. En même temps que vous ne parviendrez à rien uniquement par votre seul effort, Dieu ne vous donnera rien si vous n’engagez pas tout votre être dans la bataille. Telle est la loi fondamentale. » (in La vie spirituelle)